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2009 : L'Heure bleue : Changement climatique, énergies de la mer et biodiversité > Introduction >  Enjeux : politique pour la recherche et une démarche nouvelle d'éducation, de formation et d'information au développement durable

Enjeux : politique pour la recherche et une démarche nouvelle d'éducation, de formation et d'information au développement durable

Professeur Michel Ricard, Président des entretiens Science et Ethique, Responsable du Réseau des Universités des pays méditerranéens, ancien Président du Conseil national du Développement durable

Biographie :

RICARD Michel

Compte rendu :

Regardez la vidéo de l'intervention sur canalc2.tv : cliquez ici.

Transcription :

15 octobre 2009 Introduction


Discours de Michel Ricard :


J’ai le plaisir d’ouvrir les 13è entretiens Science et Ethique de Brest, créés par Brigitte Bornemann en 1997 avec le soutien de la Ville, du Conseil régional de Bretagne, du Conseil général du Finistère notamment.

Les 2/3 de la population du globe vivent à proximité des mers et océans. Pour le seul Océan Pacifique qui couvre 1/3 de la planète, plus de 2 milliards de personnes vivent dans les zones littorales et dans les îles. Une partie très importante de la population mondiale vit en contact plus ou moins direct avec le milieu marin et toute modification de ce milieu a donc un impact direct ou indirect sur ces populations.

Nombreuses sont les questions qui nous préoccupent et parmi celles-ci il y a évidemment le réchauffement climatique et la recherche de nouvelles énergies destinées à remplacer les carburants fossiles.


Les mers et les océans jouent un rôle déterminant dans la formation des profils climatiques et météorologiques par leur action de régulation soit directement, en transférant la chaleur (comme le Gulf Stream), soit indirectement, en absorbant le CO2. A l'inverse, les mers et les océans sont particulièrement sensibles aux variations climatiques comme en témoigne la diminution de la calotte glaciaire.

En moyenne, le réchauffement climatique est deux à trois fois plus marqué dans la région arctique que dans les autres régions de la planète, une augmentation de 3°C ayant été observée au cours des cinquante dernières années . La banquise de l’Arctique a diminué de 15 à 20 % au cours des trente dernières années. Les changements climatiques actuels et à venir auront des répercussions importantes sur la faune et la flore, mais également sur les populations humaines au plan environnemental, socio-économique, politique et culturel, que l'on fasse référence à l'élévation du niveau de la mer, au ralentissement du Gulf Stream, à l'ouverture des nouvelles routes maritimes ou à l'accès à de nouvelles ressources fossiles, sans oublier la perte de la capacité des océans qui ne jouerait plus son rôle de système tampon planétaire absorbant le dioxyde de carbone . Ces changements auront des répercussions aussi bien au niveau local et européen que planétaire. Toutes ces raisons expliquent pourquoi la lutte contre le changement climatique, avec ses conséquences sur les écosystèmes marins, est au centre d'une stratégie européenne qui sera particulièrement discutée à Copenhague en décembre prochain.

Il est primordial que l’Europe et la France en particulier, continuent à jouer un rôle moteur sur la scène mondiale dans la lutte contre le changement climatique en renforçant les mesures visant à le limiter, y compris en agissant pour diminuer les émissions de GES du transport maritime (environ 170 millions de tonnes de CO2 par les navires dans les mers d'Europe et de très importantes quantités de NOx) et en développant les énergies issues de la mer.

Ces mesures sont contraignantes pour tous, d'autant plus qu'elles reposent à la fois sur des faits avérés, mais également sur des théories qui parfois s'affrontent voire se contredisent. Toutefois, ces mesures ne doivent pas être perçues comme étant seulement destinées à limiter le réchauffement climatique, mais également comme un enjeu économique majeur pour les pays qui auront su développer des innovations technologiques permettant d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter et qui pourront être ensuite exportées dans les autres parties du monde confrontées à des problèmes similaires. Ainsi, les nouvelles techniques d'exploitation en mer, le piégeage et le stockage géologique du carbone, les nouvelles technologies de transport maritime et la production d'énergie.

Les énergies de la mer sont une des problématiques récurrentes de ces entretiens car les eaux côtières européennes recèlent de grandes possibilités à l'installation de dispositifs de production d’énergie renouvelable en mer, qu'elles fassent appel aux vents, aux courants océaniques, aux vagues ou aux marées qui véhiculent une grande quantité d’énergie.

En 2000, la Commission européenne prévoyait que, en 2010, l’énergie éolienne pourrait générer 70.000 MW dont 14.000 seraient produits en mer notamment grâce aux dispositifs utilisant l’énergie des vagues et les turbines marémotrices installés sur le littoral ou en mer. L'on est loin de ce résultat. Quels obstacles peuvent expliquer ce retard? Outre le manque de coordination et de concertation entre les divers pays européens au plan de la recherche technologique et de la mise en œuvre sur le terrain, ainsi que les questions réglementaires, il faut souligner la compétition avec les autres utilisateurs des eaux côtières, que ce soit les transports maritimes, la pêche ou le tourisme. La mise en place de ces nouveaux dispositifs de production d'énergie vient s'ajouter aux multiples paramètres qui doivent être pris en compte dans l'aménagement des zones littorales.

On ne peut pas parler des énergies de la mer sans faire référence aux énergies fossiles. Les ressources gazières et pétrolières facilement accessibles s’épuisent et les producteurs s'intéressent aux ressources de la zone arctique et aux ressources profondes. Les hydrates de méthane font également leur apparition comme ressource exploitable avec des réserves estimées à près de 10.000 Gt d’équivalent carbone, soit autant que toutes les autres ressources énergétiques fossiles réunies. Un certain nombre de questions délicates touchant à l'extraction et au transport de ces énergies fossiles voient s'opposer les tenants du développement durable et les acteurs économiques plus liés aux approches énergétiques traditionnelles, mais l'interrogation fondamentale se résume en une seule phrase : peut-on réaliser l’exploitation de ressources économiquement et stratégiquement importantes sans transiger sur les préoccupations environnementales et économiques?

À l'issue de cette courte introduction, un certain nombre de questions fondamentales se posent et les éléments apportés lors de ces entretiens devraient contribuer à y répondre :

• Quels sont les résultats des mesures prises et quelles sont les principales mesures à prendre à l'avenir pour limiter les effets du changement climatique sur le milieu marin et pour s’y adapter?

• Comment promouvoir et mettre en œuvre des technologies innovantes de production d’énergie renouvelable en mer?

• Comment accroître l’efficacité énergétique et diversifier les carburants dans le secteur des transports maritimes?

• Comment renforcer une stratégie européenne de recherche liée au milieu marin afin d’approfondir nos connaissances et de promouvoir les nouvelles technologies?

• Comment une contribution Climat – énergie, appelée dorénavant taxe carbone peut permettre aux collectivités territoriales ou locales d’être en phase avec les attentes de la commission de Bruxelles pour 2010, 2020, 2030…

Le réchauffement climatique et les questions énergétiques, comme celles touchant aux ressources en eau, à la désertification, à la biodiversité et à la démographie, sont des questions qui doivent être traitées au niveau planétaire afin d'arriver à des résultats probants grâce à des mesures décidées et appliquées par l'ensemble des nations dans une démarche de développement durable. Partant de ce constat, l'on pourrait penser que les efforts consentis au plan local, national et même européen, n'auront que peu d'impact sur des pays dont les habitants aspirent trop souvent, faute d'alternative, à copier le mode de vie occidental qui privilégie surproduction et surconsommation. Il nous appartient donc de faire la preuve, au travers de nos changements de comportement, que cette alternative existe et qu'elle débouche sur des modes de vies plus satisfaisants et plus durables.

Dès à présent, et sans anticiper sur les débats, je peux vous assurer que tout progrès en matière de développement durable passe par un renforcement des démarches d'éducation, de formation, d'information et de recherche afin de développer les savoirs et les savoir faire apportant à l'ensemble des acteurs les éléments leur permettant de répondre en toute connaissance de cause aux enjeux présents et à venir.

Les intervenants et les participants aux entretiens Science et Ethique ont toujours apporté leur contribution à la mise en œuvre d’un dialogue renouvelé entre les différents acteurs de notre société.







Mis à jour le 21 octobre 2009 à 16:00