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2009 : L'Heure bleue : Changement climatique, énergies de la mer et biodiversité > Table Ronde 2 – La recherche en réseau est une nécessité. Quelles démarches accomplies et pour quels résultats ? >  Témoignage 3 : Le rôle tampon de l’océan dans l’absorption du CO2 et conséquences dans le cadre du changement climatique.

Témoignage 3 : Le rôle tampon de l’océan dans l’absorption du CO2 et conséquences dans le cadre du changement climatique.

Sabrina Speich, (Italie) chercheur au Laboratoire de Physique des Océans, LPO-IUEM-UBO

Biographie :

SPEICH Sabrina

Compte rendu :

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Transcription :

15 octobre 2009 Table ronde 2


Discours de Sabrina Speich :

(transcription sous réserve de validation)

Je travaille pour le Laboratoire de Physique des Océans (LPO) de l’UBO. Je suis une océanographe physicienne, mais comme je vous le montrerai, mon travail ne concerne pas seulement ma discipline, mais aussi les disciplines en réseau.
Pour la partie internationale, je suis arrivée en France parce qu’en Italie, à l’époque, il n’y avait pas autant de possibilités de faire des études de haut niveau sur le climat et l’océanographie. J’ai bénéficié d’une bourse européenne, c’était une des premières qui existaient à l’époque. Cela fait presque 20 ans. Aujourd’hui, je travaille pour la science, pour la France parce que je suis fonctionnaire française. Comme vous le verrez, dans le cadre du changement climatique, au départ on ne pensait pas qu’il pouvait varier de manière si forte à cause de l’activité anthropique. C’est une étude au niveau international et interdisciplinaire.
Aujourd’hui, je vais vous parler du réchauffement de l’océan. Ceci ne concerne pas un seul projet, mais plusieurs qui ont des objectifs un peu différents.
De combien se réchauffe l’océan ? Si on fait un bilan, on sait que l’Homme, à cause des émissions de gaz à effet de serre, donc de l’activité industrielle, a causé un surplus d’énergie dans le système climatique. Ce surplus d’énergie a été observé durant ces 100 dernières années. 90% du surplus d’énergie ont été absorbés par l’océan, ce qui a provoqué ces 20 dernières années, une accumulation de chaleur très importante. Les 10% restant sont allés dans les glaciers, la calotte du Groenland, les continents et l’atmosphère. Ceci est important parce qu’il y a des conséquences à différents niveaux. Cela joue sur le niveau de la mer. Il y a expansion thermique c’est-à-dire qu’en se réchauffant, l’océan se dilate et le niveau de la mer augmente sous cet effet et pas seulement sous l’effet de la fonte des glaces continentales. Il y a également l’intensification de la circulation atmosphérique. Cela s’explique parce que l’océan est plus chaud et donc interagit avec plus d’énergie avec l’atmosphère et transfère aussi de l’eau à l’atmosphère de manière pus importante. Ce cycle hydrologique, qui se traduit en précipitation et évaporation, s’est beaucoup amplifié et cette énergie provoque les tempêtes et les cyclones. Naturellement, nous n’avons pas encore de mesure de cela, mais lorsqu’on change la température, on change aussi la salinité et la circulation océanique. L’océan transfère de la chaleur des régions tropicales vers les hautes latitudes. Si on change cette circulation, on altère ce type de transfert en chaleur, mais aussi les propriétés biochimiques qui sont importantes pour la vie dans l’océan.
L’océan est un grand absorbeur de CO2 et c’est de là que vient le problème du changement climatique dont Lina a parlé : l’acidification. Cet aspect est également intéressant parce que l’océan absorbe une bonne partie du CO2 émis par l’activité humaine. Il y a des régions qui sont très importantes pour l’absorption du CO2, c’est ce que l’on appelle des puits. Ce sont des régions de hautes latitudes dans le Pacifique nord, l’Atlantique Nord et surtout l’Océan Austral qui est très grand. Les chercheurs qui travaillent sur l’acidification des océans participent également à ces programmes et ils cherchent à mesurer des variables comme la température et la salinité de l’océan (c’est très difficile à mesurer). Je rappelle que l’océan couvre 2/3 de la surface terrestre, pour aller mesurer il faut un bateau surtout si on veut aller très profond. C’est indispensable parce que l’océan absorbe en profondeur. Pour cela il faut activer beaucoup de moyens. Une journée de bateau peut coûter entre 35 000 et 45 000 euros. Des moyens financiers importants sont donc nécessaires pour établir des cartes qui permettent une connaissance basique sur laquelle seront construits les scénarii. Aujourd’hui, aucun Etat n’a les moyens d’aller sur tous les océans, donc nous nous sommes organisés en réseaux. Le premier était un réseau de physiciens sur la variabilité climatique, il réunit une centaine d’instituts différents et presque autant d’Etats. Il y a aussi une organisation au niveau européen ; ainsi je participe au programme qui consiste à traduire les effets du changement climatique jusqu’aux écosystèmes, par exemple jusqu’aux poissons (donc la pêche), dans un environnement qui est stressé d’une part par la pression anthropique de la pêche et de ce qu’on déverse dans la mer (Nitrate…) et d’autre part par le changement climatique qui commence à être visible le long de notre côte. Quand on parle de projet européen, on revient à des projets de type EPOCA avec une centaine de chercheurs organisés en différents groupes de travail avec des thématiques scientifiques. Ceci veut dire que des spécialistes de différentes disciplines doivent travailler ensemble pour expliquer comment vont évoluer les écosystèmes marins. C’est très compliqué parce qu’on vient d’instituts différents, de disciplines différentes et on n’a pas toujours le même langage, mais c’est quelque chose qui était presque impensable il y a 20 ans et qui aujourd’hui a fait évoluer la science de manière très importante.




Mis à jour le 20 mai 2010 à 10:21