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2009 : L'Heure bleue : Changement climatique, énergies de la mer et biodiversité > Conclusion et recommandations pour Copenhague >  Choix des priorités par rapport aux propositions, recommandations des scientifiques, des économistes, des politiques et du grand public.

Choix des priorités par rapport aux propositions, recommandations des scientifiques, des économistes, des politiques et du grand public.

Michel Ricard président des entretiens Science et Ethique

Biographie :

RICARD Michel

Compte rendu :

Regardez la vidéo de l'intervention sur canalc2.tv : cliquez ici.

Transcription :

16 octobre 2009 Conclusion


Discours de Michel Ricard :


A l'issue de ces deux journées très denses, très intéressantes, et qui ont vu s'installer des dialogues pertinents et vivants entre des intervenants de grande qualité et un public réactif et plus nombreux d'année en année, il m'appartient donc de vous présenter quelques conclusions.

Trois grands thèmes ont été abordés pour illustrer le réchauffement climatique analysé au travers des modifications du milieu marin :
l'acidification des océans en raison de l'accroissement des quantités de CO2 absorbées;
l'élévation du niveau marin en réponse au réchauffement de la masse d'eau océanique
l'apport en eau résultant de la fonte des glaciers; les avancées en matière d'énergies renouvelables marines.

Autant l'acidification des océans et l'élévation du niveau de la mer font référence au réchauffement climatique global et nous conduisent à nous interroger sur les modalités d'action au niveau local, régional et planétaire – modalités d'action qui sont souvent au-delà de nos champs d'action, autant la mise en œuvre des dispositifs permettant de tirer de nouvelles énergies de la mer nous sont directement accessibles si certaines conditions sont remplies. Ces conditions, outre les aspects réglementaires souvent inadaptés et démobilisant et les financements aléatoires parfois, font appel à la mise en œuvre de processus de recherche touchant à l'éolien, à l'énergie thermique des mers, à la marée ou encore à l'énergie des vagues et de la houle.

La mise en œuvre de ces dispositifs repose essentiellement sur une recherche scientifique adaptée et soutenue qui permette de construire des équipes scientifiques constituées à partir des diverses compétences présentes dans les divers secteurs de la recherche française. La constitution d'équipes ayant une masse critique devrait permettre à la France d'avoir une place de premier plan alors qu'il n'existe pas réellement de pays leader en la matière.

La volonté politique existe comme le prouve le lancement du programme IPANEMA et les décisions résultant du Grenelle de la Mer, notamment celle prévoyant l'installation de dispositifs générant 6000 Mégawatts d'électricité issue de la mer d'ici 2020. Il faut cependant que les incitations soient plus fortes afin de faciliter la mobilisation des chercheurs, dans un premier temps, puis des financeurs.

Les exposés faits par les économistes nous ont rappelé qu'il persistait un risque important, particulièrement en raison de la crise économique qui nous frappe, que les décideurs et les industriels se tournent, pour diverses raisons, vers des solutions énergétiques traditionnelles faisant appel aux énergies fossiles. Parmi ces énergies, les projections faites dans les cinquante, voire dans les cent prochaines années, soulignent la montée en puissance de cette ressource encore relativement intacte qu'est le charbon, avec le risque de pollution qui s'y rattache – même si des dispositifs existent pour limiter cette pollution. Il est donc important de définir un cadre pour la mise en œuvre de ces nouvelles technologies de la mer et d'assurer, au-delà de la recherche et du transfert de technologie, que ces dispositifs seront financièrement acceptables, notamment par la mise en place d'un cadre réglementaire qui, à l'exemple de l'énergie solaire, fixera le coût d'achat des énergies tirées de la mer.

Dans toutes ces questions qui concernent la recherche – en recherche de soutiens marqués et d'incitations de tous ordres, la réglementation – trop souvent synonyme de barrière à la plus simple innovation technologique, ou le financement, l'État apparaît come l'acteur principal apte à amener les institutions, comme les collectivités et les citoyens, à envisager de nouveaux comportements plus en accord avec le développement durable. Toutefois, l'État ne peut pas ignorer que les situations à venir seront de plus en plus complexes, de plus en plus pesantes pour le citoyen et qu'il ne sera plus possible de s'enfermer dans des démarches unilatérales : l'information et l'échange entre les parties prenantes devra faire appel aussi souvent que possible à une démarche de consensus, seule démarche capable de mobiliser l'ensemble des acteurs pour faire aboutir tel ou tel projet.

Ces entretiens nous ont apporté de nombreux éléments scientifiques, économiques et culturels nous permettant de mieux appréhender les enjeux actuels et à venir. Ils nous ont également permis d'échanger sur divers points qui sous-tendent nos activités personnelles comme professionnelles :

- les collectivités apparaissent de plus en plus comme les véritables acteurs du développement durable : agissant dans un cadre national et européen, elles sont généralement à l'écoute du citoyen car proche de lui;

- les collectivités sont réactives et développent des démarches adaptées aux diverses problématiques comme en témoigne le fait que 80% des actions en matière d'économie d'énergie relèvent d'actions infranationales;

- les participants à ces entretiens – jeunes comme adultes - ont, dans leur ensemble, bien marqué leur désir d'être plus en phase avec les réalités de nos sociétés qui font actuellement la part trop belle aux démarches matérialistes qui se résument par deux mots : surproduction et surconsommation.

Parmi les recommandations qui pourraient être retenues à l'issue de ces entretiens "Science et Ethique" consacrés au changement climatique, aux apports des énergies de la mer et à l'impact de ce réchauffement sur la biodiversité, j'en retiendrai particulièrement deux :

- engagement ferme de la part des tutelles de développer la recherche sur les dispositifs de production d'énergie en mer, de veiller à la mise en œuvre de ces dispositifs dans les meilleurs délais, et de développer leur exploitation grâce à un cadre réglementaire facilitant le partenariat public-privé;

- développement de la concertation entre les acteurs, particulièrement dans les régions marines, de manière à dégager des consensus sur les projets à initier et à développer. Cette démarche s'impose particulièrement dans les zones littorales où peuvent s'opposer les tenants des diverses activités qui s'y déroulent. Les démarches de zonage ou de développement intégré doivent faire l'objet de concertations avant tout choix impliquant les populations pour de nombreuses années.

Au-delà de ces deux recommandations, Il apparaît de plus en plus indispensable de renforcer les démarches d'éducation de l'ensemble des citoyens, sur les questions générales comme sur les problèmes spécifiques à chaque territoire. C'est par l'éducation et l'information que l'on apportera à chacun les éléments nécessaires à des prises de décision réfléchies qui conduisent à des changements de comportements dans une démarche de développement durable. Un retour d’information sera apporté par Brigitte Bornemann lors de la conférence PNUD FAO dont Alain Retière coordinateur de ClimSAT a parlé et qui se tient les 21 et 22 octobre prochain à Brest.

Les changements de comportement ne se décrètent pas, mais s'opèrent progressivement par l'éducation mais également par la démonstration, tout au long d'un processus qui s'inscrit dans la durée.





Mis à jour le 21 octobre 2009 à 18:38