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Comment financer les énergies renouvelables de la mer par les marchés ?

Jean-Michel Maingain, Federal Finance

Biographie :

MAINGAIN Jean Michel

Compte rendu :

Regardez la vidéo de l'intervention sur canalc2.tv : cliquez ici.

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Transcription :

16 octobre 2009 Table ronde 5


Discours de Jean-Michel Maingain :


Bonjour à tous,

Je ne sais pas si je vais vous remonter le moral pour les énergies maritimes, mais le message est que le marché aujourd’hui est relativement restreint, cela du point de vue des investisseurs que nous sommes. Effectivement le circuit des marchés financiers ne fonctionnera pas. J’essaierai de vous donner une petite solution financière malgré tout pour le financement de ces projets industriels.

Tout d’abord, pourquoi j’interviens aujourd’hui sur cette thématique qui est un peu anachronique du point de vue des marchés financiers.

Compte tenu de ce que je viens de vous dire, Fédéral Finance est une structure de gestion d’actifs, ce n’est pas une banque. Nous gérons 29 milliards d’euros aujourd’hui, nous sommes une grosse société de gestion en France. Nous avons une spécificité, en effet, nous avons un historique relativement important sur la gestion dite ISR c’est-à-dire « Investissement Socialement Responsable ».

Nous avons notamment un fonds qui s’appelle « Fédéral d’Actions Ethiques » et un autre fonds qui est plus relatif à la séance d’aujourd’hui qui s’appelle « Fonds Planète Bleue » qui est un fonds environnemental créé il y a quelques années (le 15 avril 2008). Nous avons donc une antériorité par rapport à la mode marketing ISR. Voilà un petit peu à quel titre j’interviens à ce stade.
Pour remettre les choses à leur place, car la thématique est peu connue, aujourd’hui les renouvelables c’est un budget mondial de 62 milliards de dollars américains en 2008 avec une chute qui est bien sûre liée à la crise et pas forcément au marché intrinsèque dont on parle aujourd’hui. Il qui est descendu autour de 30 milliards de dollars en 2009 et qui devrait reprendre en 2010-2020 avec de gros investissements. Jean-Michel Gauthier les évoquait tout à l’heure. Ces gros investissements seraient notamment faits par des pays émergents comme la Chine et également une relance du côté des Etats-Unis. 62 milliards de dollars, ce n’est pas rien comme somme, mais au niveau mondial c’est vraiment des cacahuètes, ce n’est pas un sujet qui peut intéresser aujourd’hui les marchés financiers avec en particulier l’éolien, qui arrive largement en tête devant le solaire.

Les opérations financières, c’est-à-dire les opérations de Haut de bilan ou les opérations d’acquisition fusion, représentent 23 milliards de dollars pour l’éolien. Donc l’éolien prend une part relativement importante dans les énergies renouvelables, juste devant le solaire qui a une part beaucoup plus restreinte. Mais encore une fois, on parle de montants assez ridicules du point de vue de la taille du marché financier international. Pour ce qui est de l’éolien offshore c’est-à-dire pour le sujet qui nous concerne, on voit que sur ce petit monde que je viens d’évoquer, cette partie est vraiment infime. C’est un non-sujet à notre sens puisque l’éolien offshore va représenter 10% du marché mondial d’ici 2015 selon notre source d’information. C’est donc 10% de quelque chose qui n’est pas déjà pas gros, et donc des montants relativement restreints.

Sur les énergies marines, le montant de 69 millions d’euros est un investissement en fonds propres, donc on parle vraiment du capital-risque. Là aussi, nous sommes sur des sommes dérisoires. Malgré tout, on voit que l’Europe reste en tête 25% des investissements qui sont situés au Royaume-Uni (sur les énergies marines globales). Or éolien offshore, les technologies nous paraissent peu matures donc derrière les investissements, il y a aussi le risque. Que l’on parle éolien offshore ou énergie maritime plus globalement, il y a quand même des technologies qui ne nous paraissent pas encore pas encore tout à fait matures, il y a des choix qui ne sont peut-être pas encore fait, il y a des problématiques de rentabilité, ça c’est évident, alors que ce ne sont pas des activités rentables aujourd’hui. Le risque pour l’investisseur que nous sommes est beaucoup trop important, le marché n’est pas mature tout simplement.
Pour vous donner une petite idée du marché, on pourrait atteindre 1,7 milliard d’euros d’ici 2015 au Royaume-Uni. Cela reste des montants très limités. Pour information, il y a quand même des sociétés cotées mais elles sont vraiment très rares et avec des capitalisations très faibles. Il existe également quelques fonds d’investissement très spécialisés, mais ils sont également limités dans leur influence financière.

Les conclusions. Je ne dis pas que le sujet est un non-sujet définitivement, il y a un avenir pour les technologies des énergies marines, on en est totalement convaincu. Ça va forcément se développer sur une base très faible sur les 15 prochaines années. Mais, même dans 15 ans, on parlera d’un peu plus, mais toujours de pas grand chose.

Les technologies marines devraient accélérer leur croissance, mais est-ce que les recherches technologiques vont pouvoir suivre ? C’est une hypothèse. Le problème de la maturité fait qu’aujourd’hui les marchés-actions ne peuvent pas s’intéresser à cette thématique et ne s’intéresseront pas à cette thématique pendant longtemps.

Heureusement, il y a une solution, c’est le capital privé (private equity) à l’état pur. Il y a deux types de capital privé. Il y a le capital privé classique où on finance par des fonds propres des projets industriels. Cette solution peut fonctionner mais à une toute petite échelle parce que quand on parle de private equity, on parle souvent de fonds qui jouent sur des effets de levier. Là, ça rejoint la problématique de la dette. Je ne suis pas d’accord, la dette, il y en a un stock absolument colossal aujourd’hui à travers le monde, en revanche le recourt de la dette est totalement stoppé. Maintenant, la crise financière est peut-être un peu derrière nous, la crise économique certainement pas et le marché du crédit, qui est important pour avoir une reprise économique un peu sérieuse, reprendra bien un jour. On estime que ça pourrait peut-être venir courant 2010 avec une vitesse très lente malgré tout. Il pourrait donc il y avoir retour de ce tuyau financier pour le financement des énergies maritimes. C’est une hypothèse. Maintenant le fondamental n’est pas au rendez-vous. C’est un marché qui n’est pas mature et donc qui va traîner à attirer des investisseurs professionnels et même privés. Il y a donc un petit canal possible, mais pour un tout petit marché. On parle donc d’un sujet qui très limité de notre point de vue.

Michel Ricard : C’est à la fois très et pas du tout encourageant avec un certain cynisme de la part de certain. J’ai une question tout à fait concrète en référence à la « décision », à l’annonce de la volonté de construire 6000 MW d’énergie en mer d’ici 2020. L’Etat n’a pas dit qu’il allait apporter les financements pour cette construction, donc il va falloir passer, dans le meilleur des cas, par un partenariat public-privé sinon par un partenariat privé, y aura-t-il des preneurs pour ce type de démarche ? C’est quand même fondamental. Faire des annonces c’est bien, mais qui va payer ? Je ne pense pas que les collectivités déboursent les crédit pour construire 6000 MW de producteur d’électricité.

Jean-Michel Maingain : Je ne sais si j’ai une réponse très positive malheureusement. Il est clair que dans ma présentation, je disais que les investissements avaient quand même été aidés par le politique donc par les aides publiques ces dernières années. Clairement, il faudra, comme tous les marchés non matures, le privé ne va jamais sur des marchés non finalisés, le risque est beaucoup trop important, il faudra bien que le public, ou le parapublic continue à financer ces sujets-là. Le problème est que, aujourd’hui, l’Etat et les administrations générales ne sont pas en capacité de le faire immédiatement. Donc le vrai sujet c’est la sortie de crise et la problématique de la dette. Les situations sont très disparates dans le monde : la zone européenne est aujourd’hui très touchée et risque de sortir de la crise bien plus tard que les Etats-Unis. Donc les vrais acteurs sont ceux qui ont de l’argent c’est-à-dire les créanciers du monde entier que sont aujourd’hui les épargnants asiatiques et les Etats-Unis qui ont sans doute une capacité plus importante qu’il n’y paraît aujourd’hui de repartir vers une équilibre budgétaire qui prendra 2 ou 3 ans parce qu’ils on un niveau d’endettement fabuleux, mais on sait la machine américaine est en capacité de rebondir très fortement et régler ce problème de la dette également très rapidement. Le chemin du sujet c’est peut-être les private equity et les fonds de pensions américains. Maintenant, la problématique du risque industriel reste présente y compris pour eux. C’est pas le tout d’avoir une source financière, encore faut-il avoir une rentabilité et le problème c’est le décalage de temps entre la rentabilité attendue par les financiers qu’ils soient privés avec des fonds de private equity ou des investisseurs classiques actions ou même obligataires et la vitesse de rentabilité du projet industriel qui est à mon sens le vrai problème d’aujourd’hui et qui va freiner le mouvement quoi qu’il se passe. Je ne sais pas si j’ai répondu à votre question.

Jean-Michel Gauthier : Je vais répondre et on va se rejoindre sans s’être concerté, c’est merveilleux. Pour tester la rentabilité d’un projet soit on fait une approche par les prix soit le prix de marché est bon soit il n’y a pas de marché et il y a une bonne fée qui vous achète votre produit en équilibrant vos coûts. C’est grosso modo la manière de présenter aujourd’hui le cadre réglementaire des renouvelables : soit les renouvelables produisent à coût qui est en dessous des conditions du marché, c’est ce qui se passe aux Etats-Unis et où il y a un tax cut , il y a un effet fiscal qui les aide un peu trouver leur économie cité, soit comme c’est le cas en Europe et en particulier en France, vous avez un tarif de reprise qui s’impose à l’électricien en place qui doit racheter, par la loi, les KW/h renouvelables à un prix qui lui assure une rentabilité. Pour mettre votre question dans ce cadre-là, les 6000 MW qui ont été annoncés, il s’agit de l’éolien offshore. Aujourd’hui, l’éolien offshore, avec un coût de rentabilité qui est de l’ordre du nucléaire de troisième génération, de l’ordre de l’EPR de Flamanville, a un gros défaut, c’est que la filière nucléaire est disponible 86% du temps, alors que l’éolien offshore n’est pas disponible plus de 20% du temps. Donc avec l’éolien, vous avez beaucoup de MW, mais pas beaucoup de MW/h. Aujourd’hui, si vous êtes un investisseur et que vous cherchez où mettre votre argent, vous pouvez le mettre dans l’éolien avec un chiffre d’affaires très bas ou ailleurs, dans le charbon, où vous allez avoir plein de MW/h. Il y a un problème de volume. Ce qui veut dire que la seule manière de rendre rentable cette opération sur l’éolien, c’est de prolonger le cadre réglementaire qui porte obligation légale à EDF et à Suez de racheter les MW/h éolien qui ont été produits à un prix de 82 euros par MG/h qui décline jusqu’à 52 euros sur 5 ou 10 ans, ça dépend les cas. A ce moment-là, il y a un cadre institutionnel, mais cela veut dire qu’il faut une subvention. Aujourd’hui, le prix du marché de l’électricité est de l’ordre de 60 euros/MW/h au plus pour le troisième trimestre de cette année et le premier trimestre de l’an prochain alors qu’il en faudrait au moins 80.




Mis à jour le 19 janvier 2010 à 17:16