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2009 : L'Heure bleue : Changement climatique, énergies de la mer et biodiversité > Table Ronde 4 – De l'information à la décision politique  >  Interview de Michel Rocard

Interview de Michel Rocard

Michel Rocard, ancien Premier Ministre, Président de la conférence des experts sur la contribution climat et énergies.
(en vidéo par Sylvie Andreu, France Culture)

Biographies :

ANDREU Sylvie, ROCARD Michel

Compte rendu :



Téléchargez la vidéo de l'interview : cliquez ici.
ou consultez là sur canalc2.tv : cliquez ici.

Transcription :

16 octobre 2009 Interview de Michel Rocard: la taxe carbone est un moyen de diminuer la consommation des énergies fossiles.


Interview réalisé par Sylvie Andreu :


Après avoir organisé la réflexion et élaboré le cadre général de la taxe carbone au sein du collège des experts que vous avez présidé, le gouvernement a annoncé son intention de la mettre en œuvre dans le cadre de la loi de finances pour 2010.


Question posée par Sylvie Andreu: Monsieur le Premier Ministre, nous allons nous rapprocher des côtes françaises, peut-être que votre amour de la mer vous a fait naviguer au large de la Bretagne ?

Michel Rocard : Beaucoup, 30 ans d’affiler !

Sylvie Andreu : Il va y avoir un surcoût pour les pêcheurs, qui est un métier en difficulté. Quelles mesures de compensation pensez-vous que le gouvernement pourraient mettre en place et sous quels délais ?

Michel Rocard : C’est très technique et je ne suis pas capable de répondre à ça. Ce qui est sûr c’est que les fédérations de pêcheurs, les organismes syndicaux doivent travailler là-dessus pour avoir leurs propres idées et que doit s’ouvrir, si elle n’est pas déjà commencée une négociation entre les fédérations professionnelles intéressées et le Ministère des Finances. C’est le Ministère des Finances qui va fixer dans le détail l’application de la contribution-climat énergie et qui prévoira les amodiations, les délais, les financements, peut-être une dérogation pour une profession dont on a besoin qu’elle continue à s’exercer.

Sylvie Andreu : Donc vous reconnaissez qu’elle est en difficulté ?

Michel Rocard : C’est écrit dans notre rapport, on n’a pas eu à le reconnaître, on a eu à l’affirmer, peut-être même faisons-nous partie des gens qui ont souligné qu’il y aurait une difficulté !

Sylvie Andreu : Si la nécessité de réformer la fiscalité locale fait l’objet d’un consensus relatif, seuls, jusqu’à ce jour, des aménagements et non une réforme d’ensemble de la fiscalité ont été mis en œuvre.

Michel Rocard : C’est ma foi vrai. La France n’aime pas les réformes. Dès qu’on en annonce, tous les gens qui sont dans le champ du sujet ont peur et on s’organise pour bloquer. « La » réforme fiscale cela n’existe pas, personne ne sait la faire, personne ne peut la faire. Pour faire une vraie réforme fiscale assez complète-il faudrait une dizaine d’années et personne ne peut penser qu’il y aurait une continuité gouvernementale suffisante. Donc notre fiscalité n’a jamais bougé que par modifications successives. Même la TVA. La dernière modification importante avant la Contribution Climat Energie, il a fallu 8 ans pour qu’elle trouve son champ complet : il y avait la moitié de l’économie française qui ne voulait pas qu’elle s’applique et nous sommes en démocratie, la contrainte n’est pas là, il faut bien voter et le vote a été qu’on ne mettait pas la TVA au début. Elle a été créée en 1953 et l’on en a exclu au début le bâtiment, l’énergie, les hôtels-cafés-restaurants, le petit commerce et toute l’agriculture. A tout ça, ça faisait plus de 50% de l’économie. Or, la TVA n’a de sens que si elle est globale et si tout le monde est dans la même situation. Il a fallu 8 ans pour y aller. Ça va être pareil pour la contribution Climat Energie, ça va être pareil pour les contributions locales. Sur les locales, j’avais attaqué la tentative de supprimer les vieilles contributions qu’on calcule exprès pour elles, qui mobilisent entre 5 à 10 000 agents des contributions à ne faire que ça, pour en refaire des centièmes sur les impôts nationaux. J’avais attaqué par la part départementale de la taxe d’habitation qu’il aurait fallu mettre en centième sur l’impôt sur le revenu. C’était petit, c’était pas gros. Mais après mon départ, trop d’opposition s’y sont mis et Pierre Bérégovoy y a renoncé. La France n’aime pas les réformes. Alors, je pense que dans le cas de la fiscalité locale, c’est absolument dramatique et ça finira par une vraie crise. Mais peut-être qu’il faut une vraie crise pour convaincre les gens qu’il faut bien le faire.

Sylvie Andreu : Dernière question, si on doit aller vers une refonte de la fiscalité locale que vous appeler de vos vœux, comment les élus des collectivités locales et territoriales vont expliquer aux habitants de leur commune, département et région, la répartition de cette nouvelle taxe et comment va-t-elle s’intégrer aux plans climat ou agenda 21 ?

Michel Rocard : A mon avis, il n’est pas possible d’avoir de nouvelles taxes. Le vieux système qui est de faire bénéficier toutes les collectivités territoriales – et il y en a beaucoup, il ne faut pas oublier les communautés de communes, les communautés d’agglomérations…donc il y a la région, les départements, les syndicats intercommunaux, les communautés de communes et les communes – reste le mieux.
Le mieux reste de faire des centièmes sur les impôts nationaux pour que l’assiette ne soit pas discutée. Ce sera plus simple. Ça, ce serait relativement facile à expliquer. Mais ce sont des paroles gratuites, tout cela est un champ de bataille pour l’Assemblée nationale et pour le Sénat





Mis à jour le 21 octobre 2009 à 19:14