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2007 : Les énergies de la mer > TR4 : L’or bleu, quels enjeux financiers et environnementaux ? >  Quel accueil des milieux socio-professionnels

Quel accueil des milieux socio-professionnels

André Le Berre, Comité régional des Pêches de Bretagne et Gérald Hussenot, Secrétaire général du Comité régional des Pêches de Bretagne.

Biographies :

LE BERRE André, HUSSENOT Gérald

Compte rendu :

Voir la vidéo de Gérald Hussenot


Transcription :

18 octobre 2007 Table ronde 4


Discours de Gérald Hussenot


Je suis secrétaire général du Comité régional des pêches de Bretagne et je parle sous le contrôle de mon Président, qui se fera un plaisir de compléter mes propos et d’apporter les remarques pertinentes ou de répondre aux questions que vous poserez.
En écoutant l’interlocuteur précédent, on constate que l’on n’est pas encore prêt, dans l’immédiat tout au moins, à voir fleurir tout au long du littoral des éoliennes, des hydroliennes ou des récupérateurs d’énergie des vagues. Je le dis parce que dans un premier temps, le problème, vu de la profession, a été présenté comme : « demain matin, il y aura ces systèmes qui vont s’implanter partout et la profession de la pêche n’aura pas son mot à dire ».
La première réaction globale a été tout à fait défavorable et, au risque de passer pour passéiste, la profession a, au départ, un peu traîné des pieds, comme chaque fois, à cause d’un défaut d’explication et de communication – c’est surtout ça l’essentiel, je crois. Les projets ont toujours été présentés comme des projets qui s’imposaient, sans concertation et sans discussion. Bien évidemment, avec le temps, les choses ont un peu évolué, ceux qui ont participé aux réunions du Grenelle de l’environnement l’ont vu. Le climat a évolué, les gens ont appris à se connaître en particulier la société civile a appris à connaître les contraintes et les problèmes des professionnels de la mer, et notamment de la pêche. Ici, en Bretagne tout au moins, la politique défendue jusqu’à maintenant, pour ces projets-là ou pour l’ensemble des projets liés au parc marin, était de dire qu’il nous paraissait plus intelligent d’être positivement dedans, qu’idéologiquement dehors. Cette logique, qu’on a développée depuis le départ, n’est pas forcément la position nationale sur ces thèmes. Mais c’est en tout cas celle que l’on retenue.

Les enjeux financiers pour la pêche sont faciles à découvrir, les enjeux environnementaux aussi, dans la mesure où l’utilisation de l’espace maritime impacte directement les secteurs de pêche, que ce soit pour la pêche à pied – puisque l’estran fait partie des zones intéressantes, comme pour l’espace plus au large.

Comme je vous l’ai dit, un des points majeurs, c’est la concertation. Aucun projet ne peut éclore tant que tout n’est pas mis noir sur blanc : la concertation avant le projet, pendant le projet et évidemment après, tout au long de sa vie. Compte tenu des perspectives que nous a présentées Monsieur Ruer, ce n’est pas aujourd’hui que l’on va régler les problèmes qui se poseront après l’installation des dispositifs, mais il faut préparer l’amont, je pense que c’est dans cette configuration-là que l’on se situe. Ce que l’on souhaiterait de façon certaine, c’est que les comités locaux des pêches – le Comité régional est une émanation des comités locaux sur la côte, autrement dit des professionnels de la pêche et, bien entendu, je parle aussi des conchyliculteurs, je pense que s’il y en a dans cette salle, ils ne pourront qu’approuver ce que je dis – et la profession soient reconnus comme des interlocuteurs valables dans le cadre de ces préparations et de la concertation. Il apparaît nécessaire qu’au cours de la vie de ces projets, la profession soit associée – je ne sais pas si ces projets pourront être gérés dans le cadre de comités de pilotage, mais je pense qu’à un moment ou à un autre, il y aura nécessairement des arbitrages, donc des comités de pilotage. Il apparaît fondamental que la profession soit associée à ces comités de pilotage, avec, bien entendu, une voix délibérative et pas seulement consultative.

Le second point important, c’est l’acceptabilité : quels sont les critères d’acceptation de tels projets pour les pêcheurs ?
La première chose est de régler le problème de cohabitation entre les activités économiques autour de ces projets et les professionnels qui y travaillent. Le point de départ est de déterminer l’optimisation de l’impact et des contraintes liées à l’implantation de ces différents sites, impact qui, pour nous, se traduit par la possibilité d’accéder au plus près des sites et par la définition de périmètre de sécurité. Pour l’instant, il n’y a pas de normes, mais il y a le bon sens. C’est un des points majeurs, la question de base que se posent les professionnels est : « pourra-t-on aller travailler sur le secteur dont la surface sera mobilisée ? ». La question concerne la colonne d’eau et le fond. Lorsqu’on a parlé d’éventuelle implantation d’un parc éolien à l’intérieur de la baie de Saint-Brieuc, évidemment, la première question qui a été posée était de savoir si oui ou non les dragueurs de coquilles Saint-Jacques pourraient continuer à travailler aux abords des mâts. Près des engins, il y a également toute la partie câblage. Le problème des câbles est un problème fondamental pour la pêche, notamment pour les engins traînants. Il apparaît donc nécessaire que les systèmes soient ensouillés – il faut étudier la faisabilité de l’ensouillement suivant la nature des fonds, suivant l’éloignement de la côte et au pied des mâts pour les éoliennes. Tout cet aspect est fondamental.

Ensuite, il faut s’interroger sur les retombées pour la pêche, de façon globale, que peut avoir ce genre d’implantation ? Je ne me place pas au plan du pêcheur consommateur d’énergie, évidemment il est consommateur comme tout autre citoyen. Je me place beaucoup plus au plan des relations, dans le cadre de cette concertation, entre les promoteurs des projets et la cellule professionnelle concernée. Nous, nous pensons en effet, qu’il peut y avoir, dans le cadre de cette concertation, le besoin d’une aide, d’une participation et même d’une participation financière – je le dis carrément – dans l’apport de l’expertise technique sur les risques que comporterait le projet, et pour la définition de la localisation. Il est nécessaire d’avoir l’investigation de la profession, qui connaît très bien le secteur travaillé, dans le cadre du diagnostic des conséquences que peut avoir cette implantation sur l’activité de la pêche et sur les ressources. Tout cet ensemble d’analyses et de co-expertises –les promoteurs ont leurs cabinets d’études, ils ne nous ont pas attendus pour faire les analyses préalables – nous paraît fondamental.

En dehors de cela, il y a aussi l’aspect positif.
On présente toujours les aspects négatifs, et je ne cesse de répéter que dans le cadre de tous ces projets, même s’ils apparaissent lointains, il y a des aspects positifs. Ils sont rarement mis en avant et je le regrette. Quand on présente un projet avec seulement les inconvénients qu’il représente, évidemment, cela n’intéresse personne.

On a évoqué l’idée de récif artificiel. On peut très bien imaginer qu’une zone d’un parc éolien ou même hydrolien, constitue un secteur proposant des récifs artificiels. Pourquoi pas ? Et à partir de là, il y a beaucoup de possibilités d’exploitation pour la pêche professionnelle, mais aussi pour le tourisme, sous réserve d’encadrer tout cela.

Cela peut également constituer des dispositifs de concentration de poissons, encore qu’il faille le démontrer. Il est vrai que ces systèmes sont exploités dans l’Océan Indien en particulier, où on s’aperçoit qu’ils provoquent la concentration de poissons qui ne se regroupaient pas jusqu’à maintenant, et permettent, à partir de là, de créer l’exploitation de pêcheries qui ont un intérêt majeur aujourd’hui.

Il y a aussi l’aspect zone protégée. Comme on est fortement engagé dans une philosophie de construction d’aires marines protégées, ça peut en faire partie utilement et intelligemment.
Il y a aussi, par le biais des taxes professionnelles, de petites retombées financières possibles. Les comités locaux des pêches étant très peu riches, elles seraient les bienvenues pour leur permettre d’assurer une partie du fonctionnement.

Et je finirai par deux aspects.

Dans le cadre de la diversification d’activités, il n’est pas interdit de penser que les secteurs professionnels pourraient apporter un appui pour la logistique de l’entretien – ça s’est déjà fait d’ailleurs. Il y a déjà eu des expériences, je pense que cela peut être formalisé et peut présenter une diversification d’activités intéressante à prendre en compte.

Le dernier volet est le tourisme industriel. On peut très bien imaginer aussi que ces éléments innovants présentent suffisamment d’intérêt pour attirer les gens qui viennent en vacances en Bretagne. Par conséquent, pourquoi ne pas imaginer qu’à partir des navires de pêche, on organise, pas forcément des visites, mais tout au moins une approche des zones.

Voilà ce que je voulais dire. Sachez que, globalement, tous ces projets, même s’ils apparaissent lointains, peut-être un peu fumeux aussi quelquefois, ne pourront se faire que si, au préalable, l’étude d’impact sur le milieu a été faite de façon sérieuse et co-experte. C’est le premier point fondamental. Le deuxième, c’est que les professionnels soient associés à la construction et à la vie de ces projets.






Mis à jour le 07 janvier 2008 à 10:56