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2006 : La biodiversité du littoral > TR1 : La biodiversité des habitats littoraux, histoire et évolution >  Discours d'ouverture

Discours d'ouverture

Jean-Pierre Razafi-Andriamihaingo, Ambassadeur de Madagascar en France

Biographie :

RAZAFY-ANDRIAMIHAINGO Jean-Pierre

Compte rendu :

Voir la vidéo de ean-Pierre Razafi-Andriamihaingo

Transcription :


13 octobre 2006 Ouverture


Discours de Jean-Pierre Razafi-Andriamihaingo :

Monsieur le Président, Monsieur le Maire, Monsieur le Préfet maritime, Amiral, Monsieur le Conservateur, honorables participants, mesdames et messieurs,

Je voudrais tout d’abord exprimer tout l’honneur que je ressens d’être invité – si j’ai bien compris ce n’est pas moi l’invité d’honneur mais c’est Madagascar – et d’être le représentant de ce pays. Je souhaite également dire le plaisir que j’éprouve parce que Brest, que je connais un peu, est une ville que j’apprécie beaucoup, et ainsi qu’Océanopolis, Monsieur le Conservateur, que j’ai déjà eu l’occasion de visiter mais on ne s’en lasse jamais. Mes vifs remerciements également au Comité d’Organisation et je m’associe tout à fait aux propos aussi aimables de l’Amiral. J’ajoute les miens, en particulier pour vous Mme Bornemann. Nous avons discuté longuement ensemble et vous m’avez convaincu de venir dès le premier abord et c’est vraiment avec plaisir que je suis avec vous aujourd’hui. Mais je suis un incompétent parce que je ne suis pas un scientifique, je n’ai aucune qualité particulière pour parler de la biodiversité sauf que, encore une fois, vous l’avez dit, Madagascar est peut-être par excellence le pays de la biodiversité. Nous avons là une conjonction d’intérêts. Ce que je vais vous dire va peut-être vous paraître évident mais encore faut-il le rappeler et c’est ce que je me propose de faire maintenant.
Mais tout d’abord, deux petites réflexions rapides par rapport au thème générique de ces rencontres : la biodiversité et le littoral ou la biodiversité du littoral. En effet, Madagascar est peut-être par excellence le pays de la biodiversité, c’est notre Président de la République qui, à l’occasion d’un colloque qui s’est tenu à l’UNESCO l’année dernière, avait une formule dont il a le secret : « Madagascar est riche, pour une fois que l’on peut dire que Madagascar est riche, il faut en profiter … en biodiversité bien entendu ». C’est une véritable richesse qui doit être préservée. Près de 80% de la faune et de la flore à Madagascar est endémique, ce qui engendre des pans entiers d’écosystèmes spécifiques aussi rares les uns que les autres qu’il faut protéger et conserver. Dans cette nécessité de développement économique et social intégrant la dimension environnementale, il faut – et cela est en direction des dirigeants de ce pays mais également de tous les pays – valoriser ces écosystèmes. Au stade des risques écologiques actuels, cette valorisation constitue sans aucun doute désormais une ardente obligation.
Ensuite, je me permets devant ce parterre de scientifiques si prestigieux, de tenir la réflexion suivante que je propose d’ailleurs à votre sagacité. Quand on dit à satiété que « l’Homme doit être au centre de tout développement », ne doit-on pas considérer et admettre avant tout, et je dirais de façon définitive, que l’Homme fait partie de l’écosystème global. A partir de là, la notion même de développement durable devrait prendre tout son sens. Pourquoi distinguer l’Homme de la nature ? L’Homme de sa nature ? L’Homme est en effet partie intégrante, comme élément pensant sans doute, de la chaîne écosystémique.
Pardon d’être aussi prétentieux dans ces quelques réflexions mais c’est vrai que je profite du rôle de candide dans lequel je me place ici pour provoquer de votre part des réponses dont je me nourrirais bien volontiers.
Madagascar est la quatrième plus grande île du monde, vous le savez tous, c’est dire si son domaine littoral est immense : plus de 5 000 km de côtes. Les activités de l’Homme sur ces côtes ne sont certes pas encore menaçantes. La population malgache, contrairement à d’autres îles – je pense par exemple au Japon – ne se concentre pas sur le littoral. En outre, le rapport que le malgache entretient avec la mer et le milieu marin obéit à une vision quasi sacrée qui le rattache à la divinité. La traduction de « mer » en malgache est littéralement « l’eau sacrée ». L’eau sacrée, tel est le nom que le malgache donne à la mer, considérée comme étant une eau bénite qui le rattache à la divinité.
Cette prédisposition devrait donc nous permettre de considérer le milieu marin, donc le littoral, au delà même de son intégration dans la notion de biodiversité, comme objet de toutes les attentions et quelquefois d’interdits.
C’est d’ailleurs cela qui est à la base de la conception actuelle du développement durable à Madagascar. Une évidence s’impose tout d’abord. Madagascar, pays de la biodiversité, a une richesse naturelle qui se décline dans l’immense potentiel agricole, la multiplicité des sites naturelles, la richesse des ressources halieutiques et l’affirmation d’une culture qui se caractérise par sa diversité identitaire régionale, sans doute inspirée ou induite par la biodiversité ambiante. Voilà donc ce qui constitue tout naturellement nos priorités actuelles qui s’expriment par ce que le Président de la République de Madagascar a défini comme « MAP » c’est-à-dire Madagascar Action Plan, en d’autres termes le plan d’action pour Madagascar. Ce plan, qui va entrer en vigueur bientôt, le 1er janvier 2007, constitue véritablement le nouveau « credo » de Madagascar pour son développement et tend essentiellement à valoriser dans une démarche d’ensemble, les domaines que j’ai cités plus haut.
C’est dire concrètement que, voulant tirer profit de sa riche biodiversité, Madagascar base prioritairement son développement sur l’agriculture et les activités rurales, l’écotourisme et la valorisation des sites naturels, les produits de la mer et également sur son réservoir culturel, en particulier l’artisanat et la création musicale.

Voilà, Monsieur le Président, mesdames et messieurs, quelques éléments de réflexion que je vous propose à ce stade de notre discussion et ma foi, si vous me permettez, j’interviendrai de temps en temps quand les mots « Madagascar » ou « malgache » poindront.
Je vous remercie.





Mis à jour le 18 janvier 2008 à 15:04