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2006 : La biodiversité du littoral > TR 2 : Outils et modèles de recherche pour étudier les écosystèmes >  Les outils pour la gestion des eaux de baignades

Les outils pour la gestion des eaux de baignades

François Laurans, Directeur adjoint Environnement Veolia Environnement

Biographie :

LAURANS François

Compte rendu :

Voir la vidéo de François Laurans


Transcription :

13 octobre 2006 TR2


Discours de François Laurans

Je m’appelle François Laurans, je travaille à la direction de la recherche chez Veolia Environnement. J’anime un groupe de chercheurs à parité hommes-femmes, pour reprendre une remarque du début d’après midi, même plus de femmes que d’hommes d’ailleurs, et quand je recrute j’ai plus de femmes que d’hommes devant moi, donc continuer mesdames c’est toujours très agréable et plus efficace.

Je vais vous parler d’outils que nous avons mis en œuvre dans le groupe. Veolia Environnement c’est un peu d’eau, un peu de transport, un peu d’énergie et là on va parler essentiellement d’eaux de baignade avec une perspective intéressante notamment sur la région brestoise avec un projet inclus dans le pôle de compétitivité que je décrirai assez rapidement.
- Quelques enjeux, des outils qui, pour nous entreprise de services, doivent être autant utiles pour l’exploitant que pour l’élu (la personne qui prend une décision). On a vu cette ambiguïté, cette dichotomie au cours de l’après midi.
- Comment on se sert de cet outil pour faire une gestion active des plages ?
- Une conclusion et surtout des perspectives et c’est là que j’essaierai d’être un peu plus ambitieux.

Il y a des enjeux sur les eaux de baignade, des enjeux réglementaires. On voit bien que le développement touristique d’une ville balnéaire nécessite le maintien d’une bonne qualité des eaux de baignade. Il y a une communication qui est très complexe avec le grand public pour des raisons à la fois technique : aujourd’hui réglementairement on communique sur les résultats de l’année N-1, les analyses règlementaires mettent un petit peu de temps à être réalisées, quelques jours. On voit bien quand on voit les usagers d’une plage, il y a une complexité d’accès à l’information car vous attendez une information en temps réel et c’est vrai que c’est pas du tout simple pour l’élu, celui qui a la responsabilité d’ouvrir ou de fermer une plage.
Donc on a travaillé, je dis « on » parce que nous sommes en équipe, Veolia n’est pas du tout seul dans l’affaire, nous avons travaillé à donner des réponses et que cet outil d’aide à la décision, c’est un mot qui a été employé aujourd’hui, puisse servir à l’élu, la personne qui décide, à améliorer la performance du système déjà en place, et là on parle d’assainissement. Donc soit le réseau dans certains cas particuliers, notamment en cas d’épisodes pluvieux, vous savez bien que les stations d’épurations aujourd’hui ne sont pas toutes conçues pour assumer des épisodes pluvieux. Il y a des systèmes d’évacuation vers le milieu naturel, vers la rivière ou le littoral. On peut améliorer ce réseau, on peut aussi bien sûr améliorer les stations d’épuration, c’est cet acronyme STEP [voir PPT], en améliorant la désinfection des rejets parce que, même si vous procédez à un bon assainissement, aujourd’hui vous avez une pollution résiduelle bactériologique, notamment, qui n’est pas forcément acceptable, notamment du point de vue de la baignade. Pour l’exploitant, qui est un service technique au service de l’élu ou une entreprise privée comme peut l’être Veolia ça lui permet, en intégrant le service amont qui est le service de gestion active des plages, de mieux opérer ces stations d’épuration, de mieux opérer son réseau. Donc là on parle d’exploitation et l’outil optimal doit pouvoir répondre à ces deux objectifs.
Donc on l’a dit : limiter l’exposition au risque sanitaire, c’est le pourquoi. Le comment, c’est in fine de pouvoir fermer une plage la bonne après-midi et non pas pendant une semaine et aujourd’hui ça peut être encore le cas dans certains endroits de France, en application du principe de précaution, ce qui est tout à fait compréhensible, et rouvrir plus rapidement en connaissance de cause et en connaissance de cause scientifique avec des méthodes d’analyse rapide.
Ce qu’il faut en amont de l’exploitation de ces modèles c’est avoir modélisé la dispersion des flux bactériologiques, c’est là que je reprend un peu de biodiversité, à travers le réseau d’assainissement, à travers les rivières côtières, à travers les courants littoraux, pour ensuite identifier les moments pendant lesquels la plage va être affectée. La gestion par scénarios est celle qui est aujourd’hui en service sur un certain nombre de plages en prenant en compte les paramètres comme le temps sec ou pluvieux, et donc, par temps de pluie on regarde la pluviométrie, le dysfonctionnement des stations d’épuration, les courants, les vents… Il peut y avoir une certain nombre de variables qui nous font générer un certain nombre de scénarios et qui alimentent, in fine, un outil d’évaluation de risques qui est utilisé par le gestionnaire des services d’assainissement qui permet d’alerter l’élu en lui disant qu’il y a une probabilité d’épisodes bactériologiques sur la plage par exemple « pour demain après-midi » donc qu’il peut fermer sur cette période pour être « tranquille ».

Comment ça se présente ? Vous avez par exemple un épisode pluvieux, vous faites tourner le modèle avec la pluviométrie que vous avez observé (ça c’est une vraie analyse que vous avez réalisé sur la région) et vous voyez que le modèle va vous identifier 4 épisodes où le taux d’ Escherichia coli, qui est une bactérie qui donne la gastroentérite, est élevé et donc il y a un risque. Sur les 4 épisodes identifiés, 3 sont déjà passés sans qu’on les aient vus, mais vous êtes capables d’identifier le 4ème. Ce dernier pic va être le signal pour l’élu qu’il va devoir fermer sa plage pendant un temps précis. On peut être assez précis avec modèles. Bien sûr, il convient de prendre une marge de manœuvre, mais l’élu ne fermera pas sa plage pendant toute une semaine, ce qui est souvent le cas autrement.
Derrière cela, il y a des modèles de diffusion et de dispersion assez complexe que Veolia utilise grâce au partenariat qui existe aujourd’hui avec Ifremer. La région de Dieppe a été une des régions pilote et exploite depuis 2 ou 3 ans maintenant ce système. Cet outil est utilisé en complément des outils traditionnels. Ça n’empêche pas l’analyse bactériologique, qui dure 48h, d’être effectuée. Aujourd’hui, cela est complété par des méthodes d’analyses rapides de la mer en zone côtière pour véritablement identifier l’endroit où il faut cette analyse et à quel moment. Le modèle est complété par des analyses rapides des paramètres qui sont sous la loupe, ici, la bactériologie.
Ce qui est intéressant c’est que accolé à cet outil, il y a une plate-forme très facile d’utilisation à la fois par un élu qui n’est pas forcément un expert en bactériologie mais qui doit prendre cette décision.
Cet outil est également facile d’accès, grâce aux scénarios, par l’exploitant qui lui-même n’est pas forcément un expert en bactériologie. Donc, aujourd’hui ce modèle intègre une interface avec ses utilisateurs qui est performante. Bien sûr, ça ne se substitu pas aux contrôles officiels, mais l’élu et l’exploitant ont un outil performant à leur disposition pour faciliter la prise de décision et mieux gérer leur système d’assainissement.
Il y a de belles perspectives. Ce modèle est un modèle par scénarios, mais aujourd’hui on dit qu’on est intéressé par le temps réel et aujourd’hui, puisque c’est un projet inscrit dans les pôles de compétitivité Mer de Brest et de Toulon, la région Bretagne et la région PACA se sont vu proposer un programme de recherche qui s’appelle GIRAC, Gestion Intégrée des Rejets d’Assainissement Côtiers. Ce programme part de cette plate-forme, c’est-à-dire de la simulation par scénario de différents cas spécifiques au littoral prenant en compte des paramètres de pluviométrie, de force des courants et des vents… C’est important de montrer qu’il y a un engagement financier fort dans cette direction. Ce projet coûte 12 millions d’euro sur les deux régions.
Vous avez trois acteurs principaux communs aux deux régions : Veolia Environnement, Ifremer et Météo France : Ifremer pour ses modèles de diffusion littoral qui vont être affinés en prenant en compte des paramètres comme la durée de vie des bactéries dans la colonne d’eau et Météo France pour ses modèles climatiques. Il y aussi un tas d’acteurs locaux et c’est tout l’intérêt d’un pôle de compétitivité car ses acteurs locaux vont venir compléter les trois compétences des principaux acteurs avec des compétences instrumentation par exemple. On voit bien qu’il va falloir beaucoup d’instrumentations pour faire du temps réel et bien sûr complexifier les modèles d’Ifremer. Ces acteurs sont des entreprises ou des laboratoires de recherches (CNRS notamment pour la région PACA).
Je fais un petit retour en arrière pour vous dire qu’en intégrant des dimensions nouvelles comme le temps réel et des paramètres comme les micro-polluants, il y a des possibilités d’avoir d’autres clients que l’élu, pour la qualité des eaux de baignade, et c’est la force du programme. Les perspectives ouvertes par l’intégration des micro-polluants sont notamment de pouvoir intéresser la pisciculture ou l’ostréiculture. Brest sera un leader mondial dans ce domaine car cela n’existe pas ailleurs. Pour reprendre les chiffres : 12 millions d’euro peuvent paraître une somme coquette, l’Etat va en financer une partie, c’est l’intérêt des pôles de compétitivité, mais l’enjeu est très important avec la concentration sur le littoral qui va être de plus en plus importante.
Aujourd’hui, l’enjeu, qu’il soit industriel ou sanitaire, nécessite des programmes de cette taille et de cette ambition. Je pense que c’est le début d’une nouvelle aventure de ces modèles qui n’est pas une finalité en soit, mais ils vont, grâce à des nouvelles capacités de calculs, la possibilité de les interfacer pour les rendre plus accessibles à un très grand nombre de personnes et pouvoir rendre de plus en plus de services. C’est ce qui sous-tend aujourd’hui les objectifs de ce programme GIRAC.
GIRAC est un programme où Veolia n’est pas seul, vous avez vu la liste des partenaires, c’est un travail d’équipe et l’Ifremer et Météo France sont, avec Veolia, les pilotes mais ce ne sont que des pilotes.

Merci





Mis à jour le 21 janvier 2008 à 10:36