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Le littoral vu par les jeunes
Les webtrotteurs des lycées Vauban et Kerichen sont allés à la rencontre des jeunes des écoles de Ouessant et du Conquet et leur ont posé une question simple : Pour toi, qu'est-ce que le littoral ?

Visionnez les réponses des jeunes :
- Ecole Sainte Anne à Ouessant
- Ecole Saint Joseph au Conquet



2005 : Le littoral et les avancées scientifiques > TR 3 : Penser ensemble le littoral de demain >  Expérience de restauration de la rade de San Francisco

Expérience de restauration de la rade de San Francisco

James Cloern, Biologiste américain, Menlo Park

Biographie :

CLOERN James

Compte rendu :

Voir la vidéo de James Cloern


Transcription :

8 octobre 2005 TR3


Discours de James Cloern


Je travaille à l’US Geological Survey at Menlo Park, en Californie, non loin de la ville de San Francisco. Je suis membre d’une équipe de chercheurs qui a lancé il y a presque quarante ans un programme de surveillance et de recherche dans la baie de San Francisco. L’objectif de ce programme est de mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes côtiers. Nous autres scientifiques vivons dans un monde de données, aussi je voudrais vous montrer quelques exemples de nos études dans la baie de San Francisco.
Voici le premier exemple, qui montre des mesures de la concentration de l’oxygène dissoute dans l’eau d’une région du Sud de la baie. Voici également une image satellite de la baie de San Francisco, avec ici la ville de San Francisco et, là, le Pacifique. Les données obtenues l’ont été dans le Sud de la baie. Cette série de mesures montre que, pendant les années 1950 et 1960, il y avait des périodes d’absence d’oxygène dans l’eau. C’est important parce que les poissons et les invertébrés respirent de l’oxygène, tout comme nous. Donc si la concentration en oxygène tombe en deçà de ce niveau de 5 mg/l, indiqué en rouge ici, ça veut dire que la qualité de l’eau n’est pas suffisante pour soutenir les populations de poissons qui sont sensibles à cette absence d’oxygène. On voit par ailleurs qu’une amélioration a eu lieu pendant les années 1970, bien qu’il se soit encore produit des périodes d’absence d’oxygène. Une amélioration de la qualité de l’eau est survenue après les années 1980, puisque les concentrations en oxygène ont atteint le seuil minimum. Cet exemple montre que nous avons la puissance d’améliorer la qualité de l’eau dans les écosystèmes côtiers. En effet, nous connaissons bien les mécanismes de cette amélioration, puisque nous avons fait des investissements dans le traitement des rejets industriels et municipaux afin d’éliminer les rejets de matière organique et l’ammoniac. En effet, ce sont les substances chimiques qui prennent l’oxygène de l’eau.
Voici le deuxième exemple, dont le sujet est les contaminants classiques ; en effet, il y avait un problème de contamination par les métaux lourds dans la baie de San Francisco. Nous avons choisi de mesurer les concentrations en cuivre, choisi comme exemple de métal lourd. Voici deux courbes qui commencent à la fin des années 1970. La courbe bleue montre la quantité de cuivre qui a été émise dans la baie de San Francisco par une seule station d’épuration, tandis que la courbe rouge montre la concentration de cuivre dans les tissus de ce clam (Macoma balthica), concentration utilisée ici comme indice de contamination. On peut voir pendant cette période, ici, une forte corrélation entre cette source de cuivre et la concentration de cuivre dans les organismes qui vivent dans les sédiments, non loin de cette station d’épuration. Grâce à cette étude, on savait que la source principale du cuivre pendant cette période était cette station d’épuration - soit une source industrielle et municipale. On voit également que, après les années 1990, le pattern a changé, puisque cette source a continué à diminuer tandis que les tissus de ce clam sont restés contaminés. Cela signifie qu’il y a d’autres sources de contamination qui persistent, et il faut résoudre le problème en s’attaquant à ces sources, lesquelles sont diffuses.
Je voudrais vous montrer un troisième exemple de nos études dans la baie de San Francisco. Son but est d’illustrer le fait que nous pouvons résoudre les problèmes si on connaît bien leur source. Il constitue une des valorisations des données et des informations scientifiques et il permet de montrer aux décideurs quelles sont les sources importantes des contaminants et comment ces sources changent avec le temps.
Le dernier exemple est celui d’un changement dans l’écosystème causé par une invasion d’une espèce exotique. Vous savez bien que la rade de Brest a été transformée par la crépidule, et nous avons connu un phénomène similaire. Dans notre cas, l’espèce invasive était ce petit clam, venu de l’Asie et qui s’est introduit dans la baie de San Francisco dans l’année 1986, probablement grâce à un bateau ayant traversé le Pacifique. La période suivant cette invasion est représentée ici en bleu, et on peut voir la magnitude moyenne, pour une année, de la concentration des cellules phytoplanctoniques mesurées ainsi que de la concentration en chlorophylle. Il apparaît qu’après cette invasion la concentration de chlorophylle et la quantité de cellules phytoplanctoniques ont chuté. C’est important, parce que les cellules phytoplanctoniques constituent la source de nourriture de plusieurs invertébrés et sont donc à la base des réseaux trophiques de la baie. Après cette invasion, nous avons mesuré les forts changements des populations natives dans la baie telle, par exemple, que cette espèce de petite crevette nommée Neomysis ; on a constaté que cette espèce, assez commune avant l’invasion, a vu ensuite sa population chuter jusqu’à presque disparaître à cause de la compétition pour la nourriture et pour le phytoplancton. La raréfaction de cette population de crevettes est importante, parce que certains poissons mangent uniquement ces espèces d’invertébrés. Les changements dans le réseau trophique se sont donc étendus jusqu’au niveau des poissons.
J’ai donc choisi ces trois exemples, dont j’extrais deux principes fondamentaux qu’il faut considérer si on pense aux attentes de cette table ronde, c’est-à-dire le futur du littoral. Le premier principe est que les écosystèmes côtiers et leurs ressources vivantes sont toujours en train de changer. La baie de San Francisco qui existe actuellement est vraiment différente de celle qui existait il y a vingt ou trente années, et le même phénomène s’applique également à la rade de Brest. Le deuxième principe est que nos activités, nos actions et nos décisions sont la source la plus importante de cette variabilité pendant des décennies. Il faut savoir si nous pensons les changements du littoral, ce que nous allons prendre comme décision et réaliser comme action et activité.





Mis à jour le 22 janvier 2008 à 11:19