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B R È V E S


Le littoral vu par les jeunes
Les webtrotteurs des lycées Vauban et Kerichen sont allés à la rencontre des jeunes des écoles de Ouessant et du Conquet et leur ont posé une question simple : Pour toi, qu'est-ce que le littoral ?

Visionnez les réponses des jeunes :
- Ecole Sainte Anne à Ouessant
- Ecole Saint Joseph au Conquet



2005 : Le littoral et les avancées scientifiques > TR 3 : Penser ensemble le littoral de demain >  Le littoral ouest-africain : enjeux et réalités de la Petite Côte du Sénégal

Le littoral ouest-africain : enjeux et réalités de la Petite Côte du Sénégal

Amadou Tahirou Diaw, Enseignant chercheur, LERG/UCAD Sénégal, président du comité d’orientation scientifique et technique du Programme Régional de Conservation Marine et Côtière (PRCM), Afrique de l’Ouest

Biographie :

DIAW Amadou Tahirou

Compte rendu :

Voir la vidéo de Amadou Tahirou Diaw


Transcription :

8 octobre 2005 TR3


Discours de Amadou Tahirou Diaw

Bonjour tout le monde, je suis Amadou Tahirou Diaw, je viens du Sénégal où j’enseigne la géomorphologie littorale et la géomatique à l’Université de Cheikh Anta Diop de Dakar. Je suis heureux d’être parmi vous, principalement pour deux raisons.
La première, c’est un peu pour me réconcilier avec la ville de Brest que j’ai fréquentée juste quand j’ai terminé ma thèse de troisième cycle sous la direction du professeur Fernand Verger. J’ai été amené à faire un séjour à Ifremer. J’y ai passé de longues journées et toutes les soirées, j’étais pratiquement seul et je n’en ai pas gardé un tellement bon souvenir au-delà du travail !
La seconde raison, celle-là est moins gaie mais toute empreinte de signification, pour moi c’est un peu une façon de faire un deuil, est de rendre un hommage à un collègue exceptionnel et aussi un excellent ami qui a été arraché à notre affection en 2003. Je veux parler de feu François Cuq qui était à la fois breton et ouest-africain puisqu’il a travaillé justement comme un fils du terroir à structurer un programme régional de conservation marine et côtière en Afrique de l’Ouest dont je préside aujourd’hui le comité d’orientation scientifique et technique.
Quand j’ai eu des discussions avec des collègues de l’INRA pour participer à ces entretiens, disons que je l’ai voulu un peu comme un échange dynamique ; ensuite les entretiens avaient démarré pour moi et se sont poursuivis par des échanges à la fois avec l’équipe de 3B Conseils mais aussi avec une fructueuse séance de travail avec le professeur Laubier lors de contacts à l’Institut Océanographique de Paris. Concernant notre invitation à traiter de l’Afrique de l’Ouest lors des 9e entretiens, j’ai bien entendu regarder le thème pour voir ce que cela m’inspirait. Ce qui m’a poussé à privilégier deux types de situation pour l’intérêt particulier qu’ils présentent dans les conditions de préservation des ressources naturelles dans les pays du sud. Ces deux situations, qui sont d’ailleurs opposées, concernent les aires protégées qui semblent donc avoir été exclusivement consacrées à la préservation et puis les milieux littoraux, aujourd’hui lieux de développement intense des activités économiques et de concentration des populations humaines. Donc ce yoyo, de façon triviale, a sûrement conduit au maintien du premier titre de ma présentation sur le programme que vous avez entre les mains puisque le sujet a été légèrement modifié et s’est focalisé sur les milieux littoraux et donc je vais plutôt parler de la région de Joal-Fadiouth comme vous le voyez indiqué.

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Le choix s’est porté sur ce site et cette thématique puisque l’urbanisation est une donnée majeure de l’Afrique contemporaine. Elle est en train d’apporter de profondes mutations au niveau des espaces et des sociétés. Les villes, notamment celles qui sont situées sur le littoral sont déjà et vont devenir au cours des prochaines décennies, de fortes concentrations humaines. Parce qu’elles sont le cadre de vie de la majorité des populations ou des citadins, il est intéressant d’analyser les évolutions qui s’y observent. Les activités économiques, les pratiques spatiales et surtout culturelles préfigurent des caractéristiques qui prédomineront dans les sociétés en Afrique, notamment en Afrique littorale. On a essayé de se poser un certain nombre de questions sur ces villes, la façon de pouvoir aborder ces villes et les contacts que nous pouvions avoir justement avec les collectivités notamment en terme d’aménagement et d’urbanisme. Sur cette ville, vous verrez des diapositives, il n’y a pas eu de schéma directeur à l’époque. Ensuite, dans le découpage de la ville elle-même et des terrains d’aménagement, notamment sur certains quartiers qu’on verra sur l’île de Fadiouth, ce n’est pas seulement les aspects spatiaux qu’il faut considérer puisque ces différents quartiers ne sont pas uniquement des entités spatiales mais aussi, et d’abord, des entités sociologiques. Et ceci est très important quand on travaille sur ces zones, cette façon d’aborder la question me paraît essentielle.
Donc quelles sont les questions que nous avons essayées de prendre en charge de manière urgente, ceci afin de fournir des produits opératoires qui sont indispensables pour accompagner l’amélioration de la gestion des villes et leur développement. Quelles sont aussi les variables pertinentes qu’il fallait choisir pour comprendre les problèmes qui se posent aux villes africaines ? Et quel indicateur proposer pour construire des outils qui essaient d’apporter des solutions pratiques ?
Dans le cas de Joal-Fadiouth, c’est un peu, sans avoir résolu tous les problèmes, sur ces questions que nous avons planchées. C’est une documentation très difficile car les villes africaines s’apparentent par de nombreux aspects à d’immenses villages en train de se diversifier et de complexifier leurs activités et leurs fonctions sans être complètement définies comme des cités modernes. De fait, elles s’inscrivent dans un registre indéfinissable entre l’urbain et le rural, et constituent ainsi un terrain d’études privilégié pour appréhender les rapports de force et de complémentarité entre les villes et les campagnes. Les villes africaines, et le cas de Joal-Fadiouth est également cité, ont d’authentiques problèmes de cités modernes et, sous quelque angle que l’on se place, l’amélioration de la gestion des cités pose problème. À cet égard, l’administration et la gestion des citoyens et des activités requièrent de connaître parfaitement plusieurs variables dont l’espace, et c’est un peu ce qui nous a conduit à essayer de travailler d’abord sur l’espace au niveau de la localité de Joal-Fadiouth. En effet, dans cette localité, c’est aux espaces et aux activités que nous avons portés un grand intérêt pour, comme je l’ai dit, essayer d’avoir des indicateurs urbains qui soient appropriés pour proposer une amélioration de la gestion d’une cité. Les outils technologiques modernes et performants de l’analyse spatiale ont constitué une étape importante dans le processus de construction d’une contribution conséquente, sinon significative ou décisive, pour essayer de lire les phénomènes spatiaux, sociaux, économiques et politiques qui impriment une direction et un rythme à cette ville, et ceci est commun à presque toutes les villes ouest-africaines qui sont pour l’essentiel des villes côtières.

Je vais dérouler et commenter un certain nombre de diapositives pour vous montrer l’ensemble des problèmes que l’on peut rencontrer sur ces villes et, comme je l’ai dit, c’est un exemple, mais qui peut être transcrit à l’ensemble des côtes ouest-africaines.

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Nous avons ici la localisation, pour ceux qui ne connaissent pas tellement le Sénégal, de Joal-Fadiouth qui se situe au sud de Dakar à une centaine de km. Il y a une flèche sableuse sur laquelle la ville de Joal est bâtie, ensuite tout un système de marais maritimes, et au sud de ce système, l’île de Fadiouth, qui fait à peu près 15 ha, où effectivement, on a des densités de population extrêmement importantes, presque de l’ordre de 3500 habitants sur cette île de 15 ha. Ce sont les densités les plus fortes dans cette partie du Sénégal. Ensuite, toute la partie que vous avez en vert et en rose constitue le complexe qu’on définit comme étant le complexe mangrove-tannes et qui reste pratiquement inhabitable parce que sur la partie nord de la ville, il y a des aménagements qui ont été conduits, notamment des aménagements urbains et cela pose énormément de problèmes, on le verra par la suite.

Donc on a essayé de voir l’extension de la ville et de ses activités – c’est le premier port de pêche du Sénégal. Les activités de commerce et de transport se sont développées à partir de cette activité pêche, il y a une très forte densité, des pressions anthropiques sur le milieu et une absence de schéma directeur que nous avons essayé de faire avec la collectivité de Joal-Fadiouth.

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Ce sont ces données que nous avons utilisé pour faire ce travail. Ensuite, nous avons procédé de façon classique comme les gens qui travaillent en géomatique, sur une démarche que nous voyons ici et une méthodologie de traitement standard :

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Voici les résultats de cartographie que nous avons eu sur cette zone sans schéma d’aménagement et la carte détaillée de l’occupation des sols sur cette commune :

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Des travaux terrains sont réalisés notamment au GPS différentiel pour voir les aspects d’élévation et de topographie sur la zone car les travaux sont à la limite des 2,50m et au-delà, nous avons des zones inondées. Cette année en effet, nous avons eu des inondations terribles au Sénégal, en particulier sur les villes de Joal et de Dakar, compte tenu de l’occupation souvent inappropriée de certains sites qui sont d’anciennes voies d’eaux.

Pour conclure, on a procédé à la cartographie détaillée de cette commune et, en rapport avec la municipalité de Joal-Fadiouth, on essaie d’aller vers un schéma directeur avec l’étude de la dynamique des paysages et les types de perspectives, en terme scientifique, de l’exploitation de ces données.


La dernière raison de cette présentation, et c’est par là que je vais terminer mon propos, est pour « coller » un peu au « Littoral et les avancées scientifiques ». Nous voudrions, nous, aboutir au développement d’un cadre théorique de l’étude des interfaces naturelles de la société - puisqu’on en parle beaucoup, cela n’a rien d’une prétention – si on les considère à la fois comme un enjeu scientifique mais aussi comme un objectif de recherches pluridisciplinaires qui soient fédératrices. Et je pense que, on en a parlé hier, s’il n’est pas possible d’expérimenter ces usages, on a au moins la possibilité de chercher à les comparer à partir d’un certain nombre de caractéristiques des états et ensuite de voir comment ces états pourraient se comporter face à des évolutions extérieures.

Je remercie les organisateurs des entretiens d’être un peu les « passeurs de frontières », même si je viens fréquemment à Paris, et je vous remercie de votre attention.





Mis à jour le 22 janvier 2008 à 11:37