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2000 : Vagues de pollution, impacts et prévention > TR1 : Vingt mille barils sous les mers, Science, politique et marées noires >  Discours de Annick Hélias

Discours de Annick Hélias

Directrice de l’environnement de Bretagne : représente ici Madame Voynet, Ministre du Territoire et de l’Environnement

Biographie :

HELIAS Annick

Compte rendu :

Téléchargez "Faut-il créer un observatoire permanent des pollutions" texte de A.Hélias


Transcription :


20 octobre 2000 TR1


Discours de Annick Hélias :


On parle de plus en plus d'observatoires, de réseaux d'observation, et c'est vrai que nous avons nous-mêmes beaucoup de mal à nous y retrouver, et sans doute plus encore le public qui nous écoute. Ce que nous voulons observer est difficile à cerner. Je vais donc essayer de décrire ce que nous attendons d'un éventuel observatoire permanent.
Je rebondirai sur ce qu’ont dit François Letourneux et Michel Glémarec tout à l’heure.Les pollutions d’origine accidentelle, notamment en hydrocarbures, représentent un quart seulement de la pollution que nous observons et ce qui nous inquiète le plus au Ministère de l’Environnement, c’est bien ce que nous appelons les rejets opérationnels, dégazage etc. qui sont beaucoup plus nocifs à notre avis pour le milieu et les activités en général.Afin de lutter contre ces pollutions chroniques de façon plus efficace, nous nous interrogeons également sur la pertinence d'un observatoire permanent des pollutions, mais il est indispensable de définir au préalable ce que l'on attend exactement d'un tel observatoire, de s'interroger sur son fonctionnement, sur son apport en cas de pollutions accidentelles du type de l'Erika.
En ce qui concerne les attentes du ministère de l'environnement, il souhaite tout d'abord disposer d'informations qui lui permettent de connaître le niveau de pollutions des milieux côtiers. Pour cela, il convient de dresser un état des lieux de ce qui existe déjà et de mettre en place un dispositif de suivi des milieux et des espèces.
Le deuxième axe de cet observatoire - que je mets entre guillemets pour le moment - doit concerner l'analyse des conséquences environnementales de ces pollutions sur les milieux et espèces marines.
L'objet d'un tel observatoire serait dons de disposer de banques de données permettant de mieux connaître les pollutions et leurs conséquences.
Il existe déjà un certain nombre de dispositifs de surveillance continue gérés par différents organismes, notamment par IFREMER (RNO, REMI, REPHI). Il conviendrait de les renforcer, de les compléter au niveau national, mais également européen et international. Lors du comité interministériel de l'aménagement et du développement du territoire (CIADT) de Nantes, en février dernier, il a été décidé de renforcer les moyens d'IFREMER pour densifier ses réseaux d'observations dans la zone qui a été touchée par la pollution de l'Erika. Il en est de même pour le CEDRE, outil de veille, d'expertise et d'intervention auprès des décideurs en cas de pollutions accidentelles. Le renforcement de ses moyens est en effet apparu comme indispensable, notamment dans le domaine naturaliste. Un seul expert, Monsieur Kérambrun, pour faire face à 400 kilomètres de côtes polluées, c'était pour le moins un peu juste. Nous avons été très heureux de pouvoir faire appel à des experts scientifiques universitaires pour renforcer les moyens du CEDRE en ce domaine. Il existe également d'autres réseaux de connaissances des milieux côtiers gérés par les collègues des ministères de la Santé et de l'Equipement.Avec les cellules "qualité des eaux littorales" de l'Equipement, nous avons mis en place un réseau de mesures dans les principaux estuaires bretons. Ce sont des lieux de fortes pollutions, mais le coût de ce réseau d'observation des zones estuariennes est très élevé et nous nous interrogeons sur la possibilité de pouvoir l'étendre à l'ensemble du littoral.
Ce rapide bilan porte sur "l'avant-Erika". Face au constat de l'insuffisance des connaissances mobilisables en cas de pollutions accidentelles, quelles sont les pistes que nous nous sommes donnés ?
Lors du "retour d'expériences" que nous avons fait, ce qui nous a le plus marqué, c'est la difficulté de mobiliser les informations existantes. Il y a un cloisonnement énorme entre les scientifiques, entre les gens qui savent, et, en période de crise, il est vraiment difficile de les mobiliser. Un examen critique a été fait par les pouvoirs publics lors de la préparation du CIADT de Nantes consacré aux conséquences de l'Erika.Pour remédier à cette situation, quatre grands axes ont été définis :
1 - le renforcement de la recherche par la création d'un réseau de recherche et d'innovation technologie "pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques sur le littoral", l'implantation à Brest de cette tête de réseau, l'affectation de crédits à des programmes de recherche spécifique,
2 - la création d'un réseau scientifique de suivi des conséquences écologiques et - ceci est nouveau – écotoxicologiques de la marée noire de l'Erika, afin d'estimer l'intensité des dégâts sur les écosystèmes littoraux,
3 - le lancement de travaux de suivi des milieux littoraux dans les 4 régions touchées sur la recolonisation végétale des espaces côtiers, l'évolution des végétaux marins, des biocénoses et de l'avifaune littorale. Nous sommes en train de définir les protocoles scientifiques, préalable indispensable à la mise en place de ce suivi financé sur 3 ans. Nous espérons que la qualité du travail engagé contribuera à la définition de réseaux de mesures pérennes.
4 - la mise en place d'un dispositif coordonné de mobilisation d'experts. L'enjeu de l'observation est la durée. Lors de la catastrophe de l'Amoco, 300 scientifiques s'étaient mobilisés. Pour celle de l'Erika, leur mobilisation a posé problème.
La création d'un observatoire sera-t-elle de nature à résoudre cette difficulté ?
Le véritable enjeu est de disposer de réseaux de surveillance pertinents, dotés de moyens financiers et humains pérennes. Ce n'est pas un travail de recherche, mais la recherche peut apporter une contribution fondamentale à leur mise en place, en assurant la définition d'un système d'observation des milieux côtiers.





Mis à jour le 28 janvier 2008 à 09:58