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2000 : Vagues de pollution, impacts et prévention > TR 2 : Maux et mots, la communication et la crise : La vague des citoyens >  Discours de Henri de Richemont

Discours de Henri de Richemont

Avocat et sénateur de la Charente, rapporteur de la mission d’information du Sénat sur l’Erika

Biographie :

RICHEMONT Henri de

Compte rendu :

Transcription :


20 octobre 2000 TR2


Discours de Henri de Richemont :


J’ai le grand honneur d’être rapporteur de la mission d’informations du Sénat sur l’Erika et j’ai cet honneur car la commission était composée d’élus de tous les partis politiques représentés au Sénat et nous avons écrit un rapport qui a été approuvé à l’unanimité. Cette information n’a été publiée, je crois, ni sur Internet, ni dans la presse. Et je le déplore, car la représentation nationale existe dans le cadre d’une démocratie représentative. Les membres de la commission était tous des élus du littoral sensibilisés par le drame de l’Erika. Notre rapport qui a été publié après avoir été approuvé, je regrette qu’on ne l’ait pas souligné suffisamment, a rendu hommage aux officiers marins de la Marine Nationale qui ont sauvé tous les membres de l’équipage dans des conditions périlleuses, a rendu hommage, et cela n’a pas été souligné, au Commandant Claden et aux hommes de l’Abeille Flandre qui ont réussi les opérations de remorquage, contrairement à ce qui a été dit. Car si cela avait été un échec, si la remorque avait cassé, la poupe de l’Erika aurait échoué sur les côtes de Belle Ile. Il y aurait eu 12 000 tonnes de pollution supplémentaire.
On a un peu critiqué et ridiculisé les opérations de pompage, c’est la première fois qu’on a pompé 10% de fuel lourd numéro deux, le fuel qui est le plus difficile à pomper.
C’est un fuel très visqueux. J’ai été particulièrement surpris que finalement on soit victime d’à priori. On a tenu une conférence de presse et la première question a été :“ Que pensez vous de la responsabilité du Préfet Maritime ? ”.
J’étais stupéfait qu’au lieu de nous demander ce que nous pensions de nos discussions, on rendait le Préfet Maritime responsable avant d’entendre ce que nous avions à dire. On était condamné et quoique nous ayons à dire, ça ne passait pas. Nous avons dit que nous pensions que la marine avait fait son travail. Qu’il y avait quelque chose qui nous semblait particulièrement dramatique et Monsieur Hamon l’a souligné, c’est que le commandant de l’Erika, après avoir lancé son S.O.S. à 14H08, l’annule à 14H34, puis qu’à 14H55 il indique à un navire de la marine britannique qu’il a des fissures à bord et qu’au même moment il dit aux autorités françaises que tout va bien. Il cache l’essence même du problème. Et ce n’est que par inadvertance à 21H08 lorsque le Cross-Corsen téléphone au port de Donje que la marine apprend l’existence des fissures, on a perdu 10 heures.
On a cru bon de dire que les marins s’amusaient au lieu de faire leur boulot alors qu’on n’avait pas l’information. Je suis de tout coeur avec les victimes. Les oiseaux c’est dramatique, mais 15 jours après l’Erika deux bateaux ont sombré : 20 morts, personne n’en a parlé. La presse s’intéresse plus aux oiseaux qu’aux hommes.

Jacky Bonnemains : C’est pas vrai !

Henry de Richemont : Je voudrais dire une chose. Après l’Amoco Cadiz, il aura fallu 16 ans pour que les communes et l’Etat soient indemnisés. Après le procès de Chicago, l’Etat a touché un milliard, les communes et les départements ont été indemnisés de 140 millions de francs.
C’était le montant des frais d’avocats. Il a fallu que ce soit l’Etat français qui paie les frais d’avocats pour qu’il y ait une indemnisation. Grâce aux conventions qui existent aujourd’hui, deux mois après les indemnisations ont commencé.
Dans ma commune de Charente, j’ai encore 50% de personnes de mon département qui n’ont pas été indemnisées. Le système international tel qu’il existe à l’heure actuelle protège les victimes de la pollution. On parle des pavillons de complaisance, pourquoi ne dit-on pas il n’y a que 0,5% de la flotte française battant pavillon national français ? Pourquoi n’y a-t-il que 220 navires français ? C’est un vrai problème.Posons la question de savoir pourquoi les navires sont sous pavillon de complaisance ? Ayons le courage de dire qu’il n’y a pas de cause à effet, entre navires sous normes ou navires en mauvais état et pavillon de complaisance.






Mis à jour le 28 janvier 2008 à 10:34