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2003 : Les mers , un océan de richesses ? > TR 4 : Maîtrise de l’environnement >  Débat de la table ronde 3

Débat de la table ronde 3

Christophe Agnus, journaliste
Andy Wheeler, University College Cork
Roger Hekinian, Ifremer
Paul Tréguer, IUEM/UBO
Michel Glémarec, UBO
Gregor Rehder, Institut Geomar Kiel

Compte rendu :

Voir la vidéo du débat


Transcription :

8 novembre 2003 débat TR4


Débat



Christophe Agnus, question à Andy Wheeler :
Quelle est la profondeur la moins profonde possible, dans les fjords norvégiens, où on peut trouver ces coraux ?

Andy Wheeler :
La présence de corail dépend de la température de l’eau. On le trouve dans des régions où celle-ci varie de 4 à 12 degrés celsius. Au large des côtes irlandaises mais également françaises, de telles températures ne se trouvent qu’à partir de 1 000 mètres de profondeur. Plus on se dirige vers le nord, plus la température baisse. Ainsi en Norvège, ces coraux sont présents sur des plateaux de 50 à 200 mètres de profondeur. Ils ont donc été sérieusement endommagés par l’industrie de la pêche.

Roger Hékinian, question à Paul Tréguer :
Concernant les concentrations de méthane, de CO2, il est inquiétant de voir que les concentrations augmentent énormément depuis 1850 par rapport au Moyen-Age. Est-ce que dans ces calculs, on prend également en compte le volcanisme subaérien ou les apports par exemple dus aux irruptions volcaniques ? On sait par exemple qu’il y a des volcans qui sont en activité depuis longtemps et qui doivent remettre sans doute en circulation du C02, du méthane, etc. dans l’atmosphère.

Paul Tréguer :
Ce que j’ai montré précédemment, c’est l’évolution des concentrations mesurées de différents gaz à effet de serre. Cette évolution résulte de l’ensemble des phénomènes qui rejettent du dioxyde carbone, du méthane ou d’autres gaz dans l’atmosphère. Ces phénomènes comprennent les apports naturels comme ceux des volcans. L’impact de l’activité volcanique sur le climat a été montré à différentes occasions. Par exemple, au début des années 90, l’éruption du volcan Pinatubo (en Indonésie) a correspondu à l’émission non seulement de gaz dans l’atmosphère mais aussi à la production de grandes quantités d’aérosols dans la haute atmosphère. Ceci a limité la pénétration de l’énergie solaire à la surface de la planète. Si l’on empêche la lumière solaire de pénétrer, on va en quelque sorte refroidir la planète. Il est intéressant de noter qu’au début des années 90, on a observé à la suite de cette éruption volcanique un ralentissement de l’augmentation du CO2 atmosphérique (sa concentration n’a pas diminué mais elle a augmenté moins vite). L’explication donnée est la suivante : puisque l’énergie incidente à la surface de la Terre, c’est comme si on avait refroidi (relativement) la température de la Terre de 0,1° C environ, dans ce cas on a pu dissoudre davantage de CO2 atmosphérique, et donc il en est moins resté dans l’atmosphère. Les phénomènes naturels sont extrêmement importants, ils ont un impact direct sur le climat.

Michel Glémarec :
Nous avons aussi, au large de la Bretagne, des récifs de ce type. Le banc de La Chapelle a été largement exploité par les pêcheurs d’Audierne par exemple et ils y ont pêché une grande quantité de langoustes dans les années 60 ainsi qu’une espèce de tourteau, le cancer belianus qui a bien entendu disparu depuis. J’aurais aimé qu’Andy Wheeler nous précise aussi s’il y a eu des études faites sur la vitesse de croissance des coraux pour que l’on soit bien d’accord sur le fait que cette ressource qu’est le corail blanc est une ressource non renouvelable et s’il est d’accord avec moi pour employer ce terme de ressource non renouvelable et que dans la mesure où on a cassé le récif, il ne pourra retrouver sa vitalité et sa diversité biologique.

Andy Wheeler :
La vitesse de croissance du corail est très lente, nous ne sommes pas vraiment sûrs de cette vitesse, mais elle est peut-être au maximum, de 1 cm par an, ce qui signifie qu’une fois que le chalutage s’est produit, si le corail peut repousser, cela prendra des centaines, si ce n’est des milliers d’années pour retrouver un récif complet. Les récifs norvégiens se sont développés depuis la fin de la glaciation, ainsi nous avons des récifs totalement fonctionnels qui se sont développés en 10 000 ans. Cependant, il est sûr de dire qu’un passage de chalut signifiera que le corail ne se régénérera pas de notre vivant. Un chalutage va détruire le corail et ne sera pas régénéré dans le temps de notre vie.

Question à Gregor Rehder :
Gregor Rehder a parlé des risques de l’exploitation mais je voudrais savoir quels sont les risques de changement climatique que l’on voit déjà actuellement sur les hydrates et notamment sur les hydrates qui sont dans le permafrost et est-ce qu’il y a un risque de les voir fondre et devenir du méthane avec une augmentation d’effet de serre ?

Gregor Rehder :
Il est très difficile de donner une réponse brève à une telle question. En fait, la situation dans les régions où l’on trouve du permafrost est qu’il n’y a pas d’hydrate à la surface. Cela signifie qu’un certain temps est nécessaire à un signal de température pour traverser la lithosphère. Ainsi, comme nous l’avons vu dans l’exposé de Paul Tréguer, ce signal de température va pénétrer la lithosphère de permafrost très lentement. On trouve des hydrates de gaz à une distance très proche de la frontière sibérienne. Des études ont été menées sur la question de savoir si cela avait un rapport ou non avec des fluctuations à court terme des températures de l’eau comme par exemple dans le Golfe de Mexico. Mais on ne peut pas tirer aujourd’hui de conclusions quant à des changements à long terme.





Mis à jour le 30 janvier 2008 à 11:30