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2002 : Milieux Extrêmes d’un monde à l’autre, Terre, Mer et Espace > TR 3 : Éthique et droit, quelle compatibilité ?  >  Impact sur le monde de la pêche

Impact sur le monde de la pêche

Gérald Hussenot, Secrétaire général du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Bretagne (CRPMEM)

Biographie :

HUSSENOT Gérald

Compte rendu :

Transcription :

21 novembre 2002 TR3


Discours de Gérald Hussenot



L’activité majeure du Comité régional des pêches de Bretagne est essentiellement la mise en place de mesures de gestion dans la bande des 12 miles, et c’est une activité qui nous occupe à plein temps. La concentration de notre effort se fait essentiellement sur les pêches côtières, plus que sur les pêches hauturières, encore qu’on puisse mettre en place des dispositifs touchant les navires hauturiers. En effet la compétence du Comité régional s’étend à l’ensemble des navires immatriculés dans la région Bretagne. Cependant, autant nous avons la possibilité d’imposer les dispositifs réglementaires à l’intérieur des 12 miles envers tous les navires qui fréquentent le secteur, autant nous ne pouvons pas le faire pour les navires hauturiers qui fréquentent le large et a fortiori pour les bateaux qui fréquentent les eaux lointaines.

Pour en revenir au cadre de ce débat, la notion d’“ éthique et usage du vivant ”, il est évident que le patron pêcheur (bateau de pêche et entreprise de pêche) se trouve à son centre, puisque c’est lui l’acteur principal. Sa conduite doit s’inscrire dans un cadre d’une gestion durable de l’activité et dans un cadre de préservation de la ressource. Mais il est certain que tous les patrons pêcheurs ne partagent pas tout à fait ce point de vue. Il y a néanmoins une évolution très nette depuis quelques années, notamment chez un certain nombre de jeunes patrons qui, contrairement à bon nombre d’anciens, ont une conscience très sérieuse et très importante de leur impact sur leur environnement et sur la ressource. Dans le cadre de la nouvelle politique commune des pêches, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2003, un des arguments fondamentaux est justement de mettre en place une gestion pérenne de la ressource et l’objectif, pour simplifier, c’est de faire coïncider les ressources disponibles et les flottilles. La principale récrimination que formulent les pêcheurs français, c’est de se trouver brutalement devant l’obligation de voir casser les navires pour rendre la situation de la flotte française, bretonne en particulier, adéquate avec les objectifs fixés par la Commission européenne, alors qu’ils ont des solutions alternatives à faire valoir. Cependant, ce problème d’éthique n’est pas nécessairement éloigné de la pensée de nos opérateurs de terrain ; c’est qu’en effet, avec nous, ils contribuent tous les jours à essayer de mettre en place une gestion des ressources qui se traduit par la mise en place de dispositifs réglementaires rendus en force par les arrêtés du préfet de région. Par exemple : la mise en place d’une licence de pêche pour l’ensemble des navires qui pratique la pêche du poisson aux filets dans les eaux territoriales bretonnes. C’est un dispositif que nous avons mis en place, il y un an, avec une certaine inquiétude car brider brutalement l’enthousiasme de certains patrons pêcheurs et de certains armateurs était difficile. On a travaillé en symbiose avec l’ensemble des comités locaux, (chaque marin est obligatoirement adhérent d’un comité local) pour essayer de mettre en place un dispositif qui permette dans un premier temps de figer les choses, d’éviter la course à l’armement. Autrement dit, nous avons mis en place un dispositif très contraignant, mais cela nous a permis de faire un bilan précis des marins et des armements qui souhaitaient exploiter la ressource avec cette licence filet parce que, effectivement, pour faire la demande de licence, chacun devait s’identifier et nous donner les statistiques de production de la campagne précédente. Au travers de ce système, nous avons tout de même réussi à déterminer la population concernée par cette activité majeure (gamme très importante de produits) pour la région Bretagne, et il y a eu un accord. Bien sûr, on s’est heurté à des oppositions locales, à l’opposition des régions périphériques, mais finalement tout le monde a fini par se ranger à l’idée qu’il n’était pas inutile de mettre en place un dispositif qui, en définitive, protégeait la ressource pour le futur. Ce sujet est au centre des préoccupations quotidiennes du Comité régional.

Pour ce qui concerne l’extension de la ZEE, Il n’est pas question pour nous d’étendre la zone économique exclusive des 200 à 300, voire 400 milles et, pour l’instant, on se contente des 200 milles. Néanmoins, le dispositif prévu, qui s’inscrit d’ailleurs dans le cadre des nombreuses conventions internationales qui ont été signées ces dernières années, est d’amener progressivement la population maritime à réfléchir et à s’inscrire dans le cadre d’une pêche durable, que ce soit à partir de la Convention de Montégo Bay, ou des accords qui ont suivi, notamment les accords sur les grands migrateurs et les stocks chevauchants.

Leur objectif principal est de promouvoir une pêche responsable qui respecte le principe de précaution. Cette notion pose déjà le cadre général des accords et demande à modifier un certain nombre d’habitudes et d’appréhension de l’exploitation maritime telle qu’on pouvait la concevoir jusqu’à maintenant. Elle implique aussi l’obligation de coopération entre les états côtiers et les états pêcheurs, avec des échanges de données. Elle se traduit également par la nécessité d’apporter une aide aux États en développement, ce qui constitue une dimension nouvelle. Cette coopération existe déjà d’ailleurs par l’intermédiaire des armements français qui travaillent notamment dans l’océan Indien, mais elle doit pouvoir certainement s’améliorer.

Au travers de ces dispositifs, il s’agit d’appréhender un peu mieux l’ensemble des espèces qui ne sont pas sédentaires dans la bande côtière, puisque cela concerne essentiellement les grands migrateurs (thon, espadon, requins, cétacés...). L’objectif est donc d’arriver à faire rentrer progressivement dans les mœurs l’approche, dite de précaution, et qui, encore une fois, paraît assez lointaine en théorie, mais qui est tout de même au cœur même de nos réflexions. Parmi les arguments principaux des propositions de la Commission pour la future politique commune des pêches, cet argument-ci figure en première ligne.






Mis à jour le 31 janvier 2008 à 09:59