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1999 : de l’animal à l’homme > TR 1 : Qui mange quoi? >  Discours de Jean Le Vourc'h

Discours de Jean Le Vourc'h

Président du Groupe EVEN

Biographie :

LE VOURC'H Jean

Compte rendu :

Transcription :


22 octobre 1999 TR1


Discours de Jean Le Vourc'h :


Je suis éleveur, amené à prendre des responsabilités au sein d’un groupe alimentaire EVEN, à Ploudaniel, 2800 salariés, 4 milliards de chiffre d’affaires, et traitant la production laitière et la production de viande de 1100 éleveurs.
C’est un secteur économique important, la valeur économique de ce secteur représente12% d’exportation, c’est 130 milliards de chiffre d’affaires, pour faire une comparaison le secteur sidérurgique c’est 80 milliards. Souvenir d’école où on nous apprenait : “On creuse sa tombe avec ses dents.” Apprendre à bien manger. Manger doit rester un plaisir,en particulier dans notre pays. Chaque Français moyen consomme 400 kilos de lait par an. Nous sommes au troisième rang au niveau de la planète. Diversité de produits laitiers. 360 fromages, c’est très difficile à gouverner, comme disait De Gaulle.

Véronique Bayle :
A des coûts qui restent raisonnables car il y a des pays où les yaourts sont hors de prix.

Jean le Vourc’h : L’industrie agro-alimentaire a contribué à l’augmentation du pouvoir d’achat de nos concitoyens dans les proportions considérables si l’on se souvient qu’au lendemain de la guerre, il y a 50 ans, chaque ménage consacrait 44% de son budget pour se nourrir, aujourd’hui nous en sommes à 17%, la part de matière première dans les 17%, c’est 4%. L’effort de productivité en alliant la diversité dans ce secteur a été fantastique. On a permis au consommateur moyen d’augmenter son pouvoir d’achat de 0,5% par an ce qui est considérable. Ceci donne chez le citoyen des réflexes de ventre plein. On a le privilège du choix du moment où l’on mange, de ce que l’on mange et ça c’est rare, et ce n’est pas à la portée de tous les habitants de cette planète. J’aime mes animaux et tous les éleveurs aiment leurs animaux. Aimer l’animal, ça veut dire le respecter, tout en sachant que l’animal domestique n’a de raison de vivre que pour sa mise à mort volontaire, ça n’empêche pas que les éleveurs aiment les animaux, les traitent de façon humaine, ça veut dire que la loi sanctionne les comportements inhumains vis à vis de l’animal, faire souffrir inutilement un animal, c’est répréhensible, l’animal qui ne se trouve pas dans les meilleures conditions pour prospérer a de mauvaises performances au niveau de ces rendements et au niveau de sa qualité. L’intérêt de l’éleveur c’est de bien traiter son animal.

Femme : Ce n’est pourtant pas ce qui s’est passé.

Jean le Vourc’h : Non, c’est toujours ce qui s’est passé. Le problème c’est que nous en venons à avoir un comportement anthropomorphique. Dans notre raisonnement humain, je ne supporterai pas d’être attaché toute la journée, je ne supporterai pas d’aller d’un endroit à un autre de façon coercitive. C’est ça l’anthropomorphie, on se met à la place de l’animal. “A force de traiter les animaux comme des humains, l’humain commence à se comporter comme un animal.” La frontière est extrêmement ténue. Je ne suis pas un philosophe, ni un scientifique, je me contente de faire mon métier avec la passion qui me caractérise et pour faire ce métier depuis plus de 35 ans, j’y trouve toutes les satisfactions. L’éleveur oscille en permanence entre la nécessité économique. Je fais ce métier pour gagner ma vie c’est à dire gagner plus d’argent que je n’en dépense et ceci en alliant en permanence le confort de l’animal, celui de l’éleveur. Il serait bon de retrouver nos fondamentaux. On est tous des descendants de paysans, mais les liens se sont distendus, la civilisation paysanne est en train de mourir, on ne fait pas une civilisation avec 3 ou 4% d’une population. On perd des repères et c’est vrai que le monde agricole n’a pas eu le souci de communiquer, nous avons plus un problème de faire savoir que de savoir faire. L’image du paysan dans la tête de nos concitoyens oscille entre deux pôles soit le cliché du paysan au béret, soit celui de la blouse blanche. Dans un cas on le prend pour un rustre et dans l’autre, pour un type qui bidouille des choses pas claires, ce que je demande aux scientifiques, c’est de nous donner des produits lorsqu’ils sont avérés prouvés. Le paysan n’a pas à faire de recherches à titre personnel. Le secteur est un domaine où l’on peut parler d’entreprises, les exploitations sont menées par des chefs d’entreprise, je vais donner la parole à un représentant de ces salariés Mr Pennors Secrétaire de l’Union Régionale de la Fédération Générale d’Agriculture de la CFDT.






Mis à jour le 05 février 2008 à 14:25