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1999 : de l’animal à l’homme > TR 2 : L'élevage et la consommation face à la mondialisation >  Débat de la table ronde 2

Débat de la table ronde 2

Pierre Appriou, Président de l'UBO
Alain Abiven, membre d’associations de consommateurs et de protection de l’environnement
Béatrice Marre, députée de l'Oise
Bernard Chevassus-au-Louis, Président du CA de l'AFSSA
Pierre Amidey,secrétariat d'Etat aux PME
Gérard Montant,Président du comité français de l'Association des consommateurs
René Louail, éleveur, secrétaire national de la Confédération paysanne

Compte rendu :

Transcription :


22 octobre 1999 TR1


Discours de Jean Le Vourc'h :


Pierre Appriou:
Comment rendre compatible les contradictions telles que rendement et qualité, modernisation et sécurité, diminution de la population agricole et chômage, la mondialisation et libéralisation et la réglementation, comment rendre tout cela compatible ?

Questions de la salle :
Je suis très âgée, mon père était cultivateur, la vie n’était pas simple à l’époque. Je l’ai partagée à chaque vacance scolaire et de 1942 à 1944. Je suis toujours restée en contact avec le milieu agricole. Mon amie a loué sa ferme à un producteur de porcs, qui étend du lisier, il faut voir les mouches sur les carreaux l’été, et savoir quel est l’état de notre eau et sa teneur en nitrates pour comprendre. Près de là, il y a trois agriculteurs qui font de l’élevage intensif, et produisent du lait, ils ont beaucoup de travail, on est loin des 35 h par semaine. Eux, ils entretiennent la nature. Ils méritent donc plus de subsides que ceux qui élèvent les bêtes en stalles.

Alain Abiven:
La représentation des consommateurs est insuffisante dans ce pays. Le mouvement consommateur est embourbé dans un certain nombre de tâches et ne peut pas se consacrer à l’essentiel. Il est temps que les politiques donnent plus de reconnaissance à ceux qui s’organisent sur le terrain. Parler d’éducation du consommateur, du consommateur face à des systèmes, à des lobbies, on doit en débattre.

Béatrice Marre:
Pour tous les Rapports, j’ai toujours consulté les consommateurs. La conception américaine de l’O.N.G. n’est pas la même que celle de l’Europe. Toutes les associations doivent participer. S’il y a des problèmes de corruption au niveau de certains États, il y a des doutes très sérieux sur un grand nombre d’O.N.G.. Les O.N.G. doivent participer mais en termes de négociations et de représentativité, l’élection est la meilleure garantie.

Bernard Chevassus-au-Louis:
Ce que l’on a signé à Marrakech, en parlant vite, c’est :”Je m’engage à ne pas interdire la pénétration d’un produit sur mon territoire sauf si je peux prouver scientifiquement que ce produit pose un problème pour la santé des citoyens ou pour l’environnement de mon pays.” Or, ce que vous dites, c’est que vous allez introduire de nouveaux critères, telle que la volonté de nos concitoyens. Mais c’est un challenge élevé sans faire de pronostics, on va dire que là vous allez essayer de renverser quand même un mouvement et j’aimerais un petit commentaire sur les forces en présence.

Béatrice Marre:
Vous avez raison, toute négociation est un rapport de force, vous savez qu’il y a eu une tentative d’accords parallèles qui est l’accord de Carthagène, qui a échoué lui aussi. Mais sur le problème du principe de précaution, nous défendons l’idée que ce soit celui qui veut exporter, prouve que son produit n’est pas dangereux. Tout cela introduit effectivement une modification des rapports de force, on n’est jamais sûr. Pour l’instant on en est dans la phase d’intimidation. Madame Barchevsky qui est le Ministre du Commerce extérieur américain a dit que les Européens sont hystériques sur les O.G.M.. Aujourd’hui, malgré tout on est dans un rapport bien plus équilibré.

Pierre Amidey:
On a fait un progrès considérable et à la Conférence de Melbourne il en ressortait que le principe de précaution était une référence dans l’analyse du risque. Je voudrais ajouter qu’on attend beaucoup des associations de consommateurs, elles procèdent de logique et de proximité, et d’une logique de projet. Le consumérisme tel qu’on pouvait le bâtir dans les années 70 n’a plus cours.

Gérard Montant:
Imaginez qu’on bénéficie d’une minute de pub sur chaque produit pour dire à la T.V. ce que l’on pense ! Il faut savoir ce que c’est les associations de consommateurs, loi 1901, ce sont des associations bénévoles, c’est à dire, y contribuent les chômeurs, les retraités. Deuxième aspect, le consumérisme, il y a une transformation dans la dernière période, au niveau Européen, il vient de se créer une association de consommateurs, parce qu’il y a des vrais problèmes et de vraies discussions à avoir. Sur la question plus particulière de l’O.M.C., les associations de consommateurs, on essaye de se préparer, on a mis en place un regroupement des organisations de consommateurs Européennes et des organisations des consommateurs des U.S.A. On a travaillé ensemble, on a eu des déclarations communes, on a besoin de ce rapprochement, mais faut-il encore en avoir les moyens. Sur l’O.M.C., la grande question est-ce qu’on fait le bilan de ce qui s’est passé durant les autres dernières années ? Je veux bien comprendre que la mondialisation, c’est un plus. Mais qui a un certain nombre de limites. Il y a un fossé qui se creuse entre les plus pauvres et les plus riches. Le débat à Seattle, est-ce un débat intergouvernemental ? N’échappe-t-il pas aux États ? Je ne dis pas le pouvoir politique n’a plus aucun effet, mais réfléchissons au pouvoir économique que cela représente ? On a besoin de chercher pour savoir si les états sont les maîtres du jeu. Les trois premières entreprises du groupe de la volaille en France représentent 49% du chiffre d’affaires de la volaille. Et les neuf premiers groupes font 78%. Le poulet est vendu à 76% dans les hypermarchés.

René Louail:
A Seattle, il y aura 134 pays, bon nombre d‘entre eux n’ont pas les moyens logistiques pour faire des contres propositions. Il s’agit d’un débat entre représentants de pays riches. Nous avons rencontré Pascal Lamy, Commissaire Européen, nous sommes moins optimistes que Béatrice Marre. Le problème est de savoir quel contrepoids avons-nous ici en Europe ? Pour nous de la Confédération paysanne, on ne souhaite pas que l’agriculture soit confiée au niveau de la planète à quelques spéculateurs. Nous sommes pour une certaine mondialisation des échanges, qu’ils soient réguliers et équitables. Or, jusqu’ici, ce n’est pas le cas. Nous devons poursuivre ce rapport de forces et ce débat démocratique.

Béatrice Marre:
On est d’accord, M. Louail, nous ne voulons pas négocier telle qu’est l’O.M.C. jusqu’à présent. Pour ce qui est du rôle des États, la France a quand même réussi à repousser le rôle des États. Sur la volonté d’exportation, je suis désolée, mais c’est la condition de survie de l’agriculture française et européenne, sinon on n’aura plus qu’à acheter les produits de l’agriculture américaine, il faut qu’ensemble on mette sur pied cette agriculture exportatrice. Quant à l’issue du cycle de négociations, on ne peut pas en parler, mais si l’Europe a maintenant la possibilité de dire : Je peux, si je veux, ne pas participer, dès lors que cette menace est là, les U.S.A. accepteront que l’agenda de ce cycle soit fait en commun.

Pierre Amidey:
Cette table ronde ne permet pas d’épuiser tous les thèmes que suscite le débat mais elle aura permis sur l’élevage et l’alimentation de planter un décor assez large. Je retiens trois éléments principaux. Il y a des agriculteurs qui se posent des questions, il y a une vaste négociation qui va s’ouvrir et puis nous avons des consommateurs avec leurs exigences, ce débat va donc permettre de s’ouvrir et se poursuivre sur de plus amples questionnements.






Mis à jour le 05 février 2008 à 14:47