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1999 : de l’animal à l’homme > TR 3 : Alimentation, OGM et société >  Discours d'Alexis Gourvennec

Discours d'Alexis Gourvennec

Président et fondateur de la SICA (Société d'Initiatives et de Coopération Agricoles)

Biographie :

GOURVENNEC Alexis

Compte rendu :

Transcription :


22 octobre 1999 TR3


Discours d'Alexis Gourvennec :


Quand Madame Brigitte Bornemann-Blanc m’a proposé de participer à cette table ronde je lui ai répondu que je ne connaissais rien aux O.G.M, mais j’ai accepté pour faire connaître l’expérience d’une région légumière que je connais bien, qui est celle de Saint Pol de Léon face à l’ensemble des problèmes techniques, comment nous les avons abordés depuis une trentaine années. En conclusion, je vous dirai ce qu’est notre point de vue en tant qu’organisation agricole. Si je refais l’historique de la région légumière du Nord Finistère, quand en 1961 nous avons mis en place un système d’utilisation de la mise en marché de l’ensemble des légumes Nord-Finistèriens, au delà de ce véritable pouvoir pour les paysans, nous avons vite découvert que nous ne pourrions pas nous arrêter à des préoccupations économiques, nous serions contraints de nous pencher sur des problèmes techniques. Cette réflexion nous a amené à trois constats : la recherche agronomique en général prise dans sa globalité et dans ces grands instituts ne se soucierait jamais de nos petites productions légumières. Car il n’y a aucune comparaison possible entre les 250 000 tonnes de choux-fleurs que nous produisons et les millions de tonnes de céréales ou les millions de tonnes de viandes, pour un chercheur, j’admets que ce n’est pas valorisant de s’occuper d’un petit produit. On ne pouvait pas espérer de l’I.N.R.A. qu’ils s’en préoccupent. Deuxième constat, on a compris que les sociétés de création variétale comme Vilmorin et Clause ne nous accorderaient pas de crédits à nous petits marchés. Les chercheurs dont nous rêvions, ceux qui se préoccuperaient de la finalité économique et non pas de la recherche pour la recherche, permettraient aux agriculteurs et aux consommateurs de s’y retrouver. Ce triple constat nous a amené à conclure qu’il fallait que l’on se prenne par la main et qu’on bâtisse et qu’on construise notre propre système. Nous avons créé à Saint Pol de Léon, une station de recherches appliquées. A partir de la recherche fondamentale, comment tirer profit de ce qui avait été découvert par des scientifiques de haut niveau ? Comment essayer d’adapter ces découvertes à nos problèmes en fonction du climat ? Des espèces que nous cultivions et en fonction de nos marchés ? C’était la création économique de la région de St Pol de Léon. Deuxième étape, on a voulu s’attaquer à la création variétale, ou du moins à la multiplication variétale car on n’avait pas attendu les grandes firmes pour créer le chou-fleur, il existait déjà. Mais il y avait ce qu’on appelait des variétés fermières, des producteurs avaient sélectionnés les meilleures variétés. Nous avons donc créé l’O.B.S. qui est une exploitation de multiplication variétale à partir des meilleures variétés fermières que nous avions retenues dans cet effort de solidarité et de complémentarité que l’on connaît bien au Léon et au Trégor. Ces variétés étaient terriblement contraignantes pour les producteurs, des récoltes sur des périodes de deux mois, il fallait au moins huit passages dans une parcelle pour récolter l’intégralité, huit passages de cinq kilomètres, ça fait quarante kilomètres à pieds par hectare, dans la poussière ou dans la boue et nous pensions qu’en créant d’autres variétés à cycle plus court on arriverait à diminuer les frais, cela nous a amené à nous tourner vers l’I.N.R.A., avec qui nous avons passé une convention depuis vingt ans et nous lui avons confié la création de nouvelles variétés de chou fleur. Il faut quinze ans pour créer une nouvelle variété, on s’est retrouvé à la tête de huit à dix variétés, notre objectif est d’arriver à une vingtaine. Ce travail a été fait à Saint Pol de Léon, heureusement, car cela a été fait en corrélation avec les producteurs dans un souci d’efficacité telle que les résultats sont 50% supérieurs aux travaux effectués par les équipes de l’I.N.R.A à Rennes. De l’importance d’une recherche effectuée sur le terrain. On a donc imaginé que par la biotechnologie on gagnerait du temps dans le processus de création variétale, c’est pourquoi nous avons créé B.B.V. Bretagne, Biotechnologie, Végétale. La création de ce laboratoire nous a permis de gagner un temps considérable. Permettez de reprendre le parcours du combattant qu’il a fallu contre les pouvoirs et les grandes instances de recherche pour le créer à Saint Pol, chacun voulant s’approprier l’idée et le faire soit à Strasbourg, Versailles, Rennes, ou Brest, selon les intérêts. Nous l’avons complété avec d’autres structures. La traçabilité est un acquis chez nous, depuis cinq ans. Mais elle se perd dans les dédales de la distribution, pour éviter que la grande distribution ne malmène nos produits, nous avons créé à Saint Pol un centre de formation pour fruits et légumes. Pour conclure permettez-moi tout simplement de dire que nous consacrons un budget annuel de vingt huit millions de francs, que nous avons à Saint Pol vingt huit ingénieurs, et trente six techniciens, ces stations qui fonctionnent sous le contrôle direct de l’organisation agricole, ne nous empêchent pas de confier des études bien particulières et bien pointues à un certain nombre d’organisations, comme le C.N.R.S. à Roscoff, ou l’U.B.O. à Brest, ou l’I.N.R.A. qu’on paie fortement cher depuis vingt ans. En tant qu’”utilisateur” des chercheurs, je dirai qu’il faut savoir accompagner les chercheurs pour leur garder les pieds sur terre. Je citerai la hernie du chou, ça fait vingt ans qu’on fait des recherches, sans succès, il faut donc arrêter. Concernant les O.G.M., en ce qui nous concerne, on se les interdit. Notre marque “Prince de Bretagne“ est telle que nous ne pouvons pas prendre le risque sur le plan commercial d’accepter le principe des O.G.M.




Mis à jour le 05 février 2008 à 16:44