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1999 : de l’animal à l’homme > TR 3 : Alimentation, OGM et société >  Discours de Marylise Lebranchu

Discours de Marylise Lebranchu

Secrétaire d'Etat aux PME, au Commerce et à l'Artisanat, chargé de la consommation

Biographie :

LEBRANCHU Marylise

Compte rendu :

Transcription :


22 octobre 1999 TR3


Discours de Marylise Lebranchu :


Autant je suis d’accord avec Alexis Gourvennec, il faut faire de la recherche en prise directe sur la réalité, autant je suis persuadée qu’il faut continuer à faire de la recherche fondamentale car si on l’avait fait, on n’aurait peut-être pas une épidémie de vache folle aussi violente qu’on l’a aujourd’hui. Je plaide pour que la recherche publique ait un mandat de recherches fondamentales déconnectées totalement des besoins immédiats parce que le risque, il n’est pas dans le court terme, il est dans le long terme. Il faut que les fondamentalistes continuent à travailler sinon on ira dans le mur.

Pour revenir sur l’étiquetage, nous avons appliqué un principe au niveau du gouvernement qui est difficile à appliquer parce qu’ils nous manquent toujours des éléments, ce sont vigilance, précaution et transparence. Pour l’étiquetage des O.G.M., le premier problème qu’on ait eu à régler : Comment continuer à exporter ou à importer s’il n’y a pas d’étiquetage international ?

Il y a une discussion auprès de l’O.M.C. qui a démarré il y a quelques années, qui a échoué, c’était la Conférence de Rio. Il faut qu’on puisse s’asseoir sur une convention de bio-sécurité internationale, pour l’obtenir, il faut qu’on soit très bon au niveau Européen. Il faut qu’on ait un principe d’étiquetage par produit.

Il faut qu’on se mette d’accord sur les méthodes d’analyse et de détection, les méthodes mises au point et validées à Strasbourg ne sont pas suffisantes, en attendant de ce que l’on sait de la traçabilité, c’est le seul moyen de savoir si oui ou non il y a des produits O.G.M. à l’intérieur des produits frais, en revanche, on a besoin des seuils parce que de plus en plus de produits sont transformés, on a de plus en plus de plats cuisinés ou semi-cuisinés, on a une violente opposition des U.S.A. en tant qu’Etat, parce qu’ils ont créé une agence “food and drug”, cette agence gère à la fois l’évaluation du risque, qui doit être totalement indépendante à mon avis, et aussi le contrôle, quand vous avez mis un produit sur le marché en disant qu’il est bon, vous avez du mal à vous remettre en question, en disant tout compte fait, il y avait peut-être un doute.

Je plaide pour le partage des rôles, la réaction est violente néanmoins certains se posent des questions car des scientifiques ont questionné l’effet des O.G.M. non pas sur la santé mais sur l’équilibre de l’environnement. Des questions se posent dans le milieu scientifique américaine. Quelques organisations de consommateur américaines commencent à dire qu’il faut être prudent. Traçabilité après l’étiquetage, je plaide pour que l’Europe aille vite pour mettre les Américains à la table de négociation. Renouveler les étiquetages, certaines données maintenant sont sûres, trier les informations. Le premier agent d’évolution, c’est le consommateur, ce n’est pas le producteur, car le producteur sans consommateur n’existe pas, il faut donc le respecter. Si on est dans une société qui évolue vers la qualité, vers du respect, de la dignité, elle doit prendre le consommateur comme premier acteur et non pas comme bout de chaîne. Il ne faut plus parler de la fourche à la fourchette mais de la fourchette à la fourche. Le dialogue alors deviendra constructif et on fera bien des choses avec les consommateurs et les producteurs. Ce dossier O.G.M. est un dossier qui a permis que le consommateur et le producteur se rencontrent. Ce qu’on remarque c’est que le consommateur a la trouille, il se demande pourquoi on a pas pu identifier cette maladie, pourquoi la recherche fondamentale n’a pas pu identifier une nouvelle forme de maladie, c’est ça que le consommateur ne comprend pas. Comment se fait-il qu’on ait mis autant de temps à détecter ce virus et qu’on n’ait pas su le combattre ? Il a des doutes sur la surveillance scientifique de l’évolution. On ne sait toujours pas et comme on ne sait pas, le citoyen panique, d’autant qu’arrivent d’autres produits dont on dit je ne sais pas ce que cela aura comme effet à long terme, le consommateur redevient un citoyen quand il demande : Vous voulez faire des O.G.M., mais pourquoi ? Manque-t-on de produits ? Non. On a plutôt des crises de surproduction, on n’en a pas besoin pour manger, oui, mais les O.G.M., ça va nous permettre moins de pesticides, et les insecticides, on en aura moins si les molécules se défendent toutes seules, il y a longtemps qu’il y a des hormones de lutte contre les prédateurs quel qu’ils soient, si c’est pour mettre moins de pesticides dans l’eau, alors là ça passe mieux. Quand on dit pourquoi ne pas chercher plutôt des O.G.M. qui permettraient d’aller planter des légumes dans des zones où il y moins d’eau, où les terres sont acides, là ce serait un vrai sujet, oui on chercher des O.G.M., parce que ces gens meurent de faim et on ne peut pas leur exporter nos pommes de terre, ça ne suffit pas, mais comme il s’agit de régler des problèmes de rentabilité à court terme, ça panique et je dis globalement, c’est normal. On a la chance de vivre dans un pays riche, où les gens ont le temps de se poser des questions, même si on a créé beaucoup d’exclusions, on est encore un pays riche. La responsabilité des politiques aujourd’hui, c’est de dire aux scientifiques, vous nous dites exactement quels sont les résultats scientifiques, enfin sur la reproduction, le fameux terminator, il y a beaucoup d’hybrides qui ne se reproduisent pas, la question de l’évolution de l’environnement n’a pas été posée et ça c’est une faute collective. Il ne faut pas que la recherche s’arrête. Il faut qu’il y ait une part de recherches publiques.





Mis à jour le 05 février 2008 à 16:45