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1999 : de l’animal à l’homme > TR 4 : alimentation, risques et idées reçues >  Discours de Guillaume Roué

Discours de Guillaume Roué

Président de la coopérative Prestor

Biographie :

ROUE Guillaume

Compte rendu :

Transcription :


22 octobre 1999 TR4


Discours de Guillaume Roué :


Éleveur, je mesure le handicap d’être à cette tribune le dernier orateur et surtout un pratiquant et un croyant de l’agriculture intensive, et qui doit vous parler du bien être des animaux. Le challenge est pas facile. Je n’ai pas la prétention d’avoir un propos objectif, car il est vu par quelqu’un qui au quotidien essaye de vivre de ce métier et de faire son métier correctement. D’abord, l’agriculture intensive, ce n’est pas un hasard. C’est un choix collectif à une époque, il y a une quarantaine d’années, où il y a eu un boom économique avec pour conséquence une demande de bras dans le secteur tertiaire et une diminution de bras dans l’agriculture, secteur primaire par excellence. Résultat pour pouvoir nourrir les hommes, la demande de produits alimentaires a augmenté considérablement. Les méthodes de production ont dû considérablement évolué et ce que nous avons réussi à faire avec succès avec les limites que cela comporte et je veux bien m’en expliquer. Ce qui est important de dire également à cette tribune, l’agriculture intensive n’a pas été inventé uniquement et exclusivement par les agriculteurs. Mais elle a été accompagnée dans son développement par les organismes scientifiques, dont Mr Chevassus au Louis, ancien président de l’I.N.R.A. a accompagné cette agriculture dans son évolution. Les systèmes de production ont évolué, il y a des progrès à faire, la société se préoccupe d’abord de son évolution. Dans un premier temps le souci était le volume, dans des années d’expansion démographique forte, ensuite c’est le prix, en 3° point c’est la qualité et des éléments plus subjectifs dont j’ai à traiter, le problème de l’environnement, dont le bien être animal est une des composantes. Il y a deux approches fondamentalement différentes, la première qui est une approche de par le monde, il s’agit du mauvais traitement aux animaux, en Europe on parle plutôt du confort des animaux, à travers la notion de liberté, d’espace, de comportement naturel etc. et nous avons deux sensibilités qui sont extrêmement bien connues, la sensibilité anglo-saxonne, qui est anthropomorphique, qui considère que l’animal doit avoir les mêmes avantages que l’être humain, et le comportement des latins un peu plus éloigné. Des dispositions réglementaires ont été prises. Aucune espèce animale n’a échappé aux directives sur le bien-être animal. Par contre ces directives sont appelées à évoluer, et ceci de manière progressive puisqu’en permanence il y sur le feu des discussions, au niveau de l’Europe. Sur les nouvelles directives, l’Europe vient de prendre de nouvelles dispositions sur les poules pondeuses. Elle a pris des dispositions sur les veaux en batterie. Elle s’apprête à prendre des dispositions pour le porc etc. La Commission désigne un Conseil scientifique, qui planche, fait un rapport qui est ensuite adopté par le C.S.V., Comité Scientifique Vétérinaire. Puis les services de la Commission le traduisent en Projet de directives discuté par les différents acteurs sociaux : Le Parlement Européen, le Conseil des Ministres. Ensuite, traduction en droit international de l’ensemble de ces réglementations. Il y aussi des discussions permanentes au Conseil de l’Europe, actuellement au Conseil de l’Europe, il y a 29 signataires, de la Charte sur le bien-être animal. Je siège à ce Comité de l’Europe, représentant des producteurs, ça me laisse interrogateur, par exemple aujourd’hui, des représentants yougoslaves siègent sur le bien être des cochons en Yougoslavie, je pense qu’en ce moment, il y a d’autres priorités que doit traiter le gouvernement yougoslave, mais c’est ainsi. Je siège donc comme représentant des producteurs à côté d’autres associations comme Eurogroup Animal Welfare, qui est une organisation très importante. Ce sont six permanents à Bruxelles, pour la France c’est la S.P.A, la Fondation Brigitte Bardot, la Ligue française du droit de l’animal. Je traite du bien être des animaux. D’autres traitent du droit des animaux. On rentre dans un problème philosophique et pas du tout un problème de confort, je siège aussi à des commissions de travail dans un des services du ministère de l’agriculture où l’on se pose le problème de l’abattage des animaux, l’anesthésie des animaux, avec aussi le problème de l’abattage rituel considéré comme moins douloureux que les autres, faire saigner un animal en lui coupant les jugulaires et la carotide est le moyen le plus rapide et le moins douloureux. Une bonne décision à Bruxelles est une décision où les lobbies ont joué leu rôle, dans les couloirs de Bruxelles il y autant de lobbyistes que de députés, chacun joue son rôle. Je ne suis pas toujours convaincu car les décisions sont dures à appliquer, néanmoins c’est un progrès le fait que l’on puisse parler. Des progrès énormes ont été effectués en 30 ans, où les ménages dépensaient en 1960, 35% du budget dans l’alimentation, pour seulement 17% aujourd’hui. Mais il faut mesurer notre capacité à résister économiquement, on a parlé de l’O.M.C. Il n’y a pas d’enfants de choeur autour de la table. Les intérêts économiques et financiers l’emportent sur les problèmes d’éthique. Je suis convaincu que les Américains financent les organisations de défense des animaux en Europe, pour affaiblir la position des européens. Un éleveur digne de ce nom ne maltraite pas ses animaux, il est forcément quelqu’un qui aime les animaux sinon il s’est trompé de métier. Quand on met les animaux en liberté on le soumet à la loi de la nature, quand j’élève une truie dans une case individuelle je la protège de ses congénères. Pour conclure, j’ai beaucoup d’interrogations avec l’évolution de la société, mais je n’ai pas d’états d’âme.




Mis à jour le 05 février 2008 à 17:18