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1998 : Risques associés aux progrès technologiques > TR 1 : Panorama de quelques risques en matière de santé, de sécurité aliementaire et d'environnement >  Discours de Max Jonin : Progrès technologiques et risques nouveaux

Discours de Max Jonin : Progrès technologiques et risques nouveaux

Maître de conférences à l'UBO, administrateur de la Société pour l'Etude et la Protection de la Nature en Bretagne (SEPNB)

Biographie :

JONIN Max

Compte rendu :

Transcription :


23 octobre 1998 TR1


Discours de Max Jonin :



Des évidences
Le risque zéro n’existe pas, vivre c’est prendre des risques à chaque minute ...
Les progrès technologiques sont dans la logique de l’humanité depuis toujours. Il n’est pas question de contrarier la recherche et d’empêcher les chercheurs de trouver ...
Cela étant, la bombe atomique est née dans les laboratoires scientifiques et les hommes politiques en ont fait un engin monstrueux.
Demain, dans la suite logique de la naissance de la brebis Dolly, rien n’empêchera de puissants groupes financiers de tenter le clonage humain.
Les scientifiques font leur travail. Les risques sont au niveau de la folie des hommes, des volontés misérables de pouvoir, que celui-là soit politique ou financier. C’est sans doute plus un problème de civilisation.
En évitant la facilité de la critique passéiste et du retour au bon vieux temps, il faut sans doute parfois s’interroger sur ce qui est progrès.
Est-ce vraiment un progrès de disposer en toutes saisons de tomates parfaitement calibrées, de longue et facile conservation mais qui n’ont aucun goût et qui même font tant que l’on a oublié le goût des vraies tomates...
Est-ce vraiment un progrès de produire en quantité de la viande, peut-être moins chère, mais bourrée d’antibiotiques ...
Il y a chaque fois progrès technologique mais pour qui, pour quoi ? Quelle finalité ? Où est l’homme ?
Les nombreux progrès technologiques de l’agro-industrie seront d’un côté analysés à travers des chiffres et des courbes de productivité, de chiffres d’affaires, de balance des paiements, d’emplois productifs ...
Mais d’un autre côté, on peut augmenter la faillite d’un modèle, un environnement gravement sinistré, l’image d’une région altérée, des impacts sociaux non mesurés et des impacts sur la santé ignorés ...
Qui décide ce qui est progrès ? Où est l’homme, la société ? Nous baignons dans l’économie du futile, de l’inutile, du superflu chaque fois vanté au nom du progrès. L’économie de consommation va de pair avec l’exclusion. La société ne progresse pas.
L’histoire scandaleuse de la vache folle a montré que l’on peut faire n’importe quoi pour le profit et que l’homme n’est pas un paramètre du sytème au-delà de sa fonction de consommateur. Et l’histoire tout aussi scandaleuse du nuage de Tchernobyl montre que le politique peut le disputer sans états d’âme à l’économique ...
Le citoyen n’a plus confiance. Il faut entretenir son état de vigilance. Le citoyen doit reprendre le pouvoir habilement confisqué. Le citoyen doit retrouver et assumer une responsabilité trop facilement déléguée ou lâchement abandonnée.
O.G.M., la dérive
Encore une fois, il ne s’agit pas de remettre en cause la nécessité de la recherche et la liberté du chercheur ni de contester la nécessité des biotechnnologies, d’ailleurs fort anciennes, mais l’aventure scientifique s’accélère.Désormais, l’homme a non seulement le pouvoir de modifier considérablement le monde vivant qui l’entoure mais aussi celui de se modifier lui-même génétiquement et le débat doit passer du scientifique à l’éthique :
La dissémination des plantes transgéniques s’impose en dehors de toute demande sociale, absence de débat public, d’information claire pour tous, de consentement des populations.
Aggravation de la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des trusts pour les semences et pour les produits phytosanitaires.
Situation de monopole absolu pour quelques grands groupes mondiaux qui maîtriseront le marché, qui déjà imposent leurs choix aux états et travaillent à la stérilité du vivant.
Certitude arrogante des experts face à une communauté scientifique qui doute.
Le principe de précaution inscrit dans notre loi (1995) est bafoué. Les risques éventuels dont qu’entre immobilisme et irresponsabilité, il ne peut y avoir de voie raisonnable si les enjeux ne sont pas clairement perçus prioritaires.
Qui a la charge de la preuve ?
L’importance et le coût des campagnes publicitaires qui ont précédé la votation en Suisse, la conférence citoyenne en France et leur démagogie ont bien montré les enjeux financiers, économiques et le pouvoir des trusts.
A court et moyen terme, il y a du profit potentiel qui sera évidemment privé. A long terme, il y a peut-être des impacts sociaux, économiques, environnementaux, sanitaires ... certes incertains mais qui eux, s’ils se manifestent, seront assurés par la collectivité.
Privatisation des profits. Socialisation des pertes. Précaution - caution.
Aujourd’hui, de manière édifiante, la question des O.G.M. menace la bonne démocratie. Les hommes - les éco-citoyens - doivent garder le pouvoir de choisir leur avenir.
Les O.G.M. : est-ce bien nécessaire ? Est-ce bien raisonnable ? sont là les seules vraies questions.





Mis à jour le 07 février 2008 à 14:46