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2003 : Les mers , un océan de richesses ? > TR 2 : Observation et connaissance des océans >  Etats de moyen mis à disposition de la communauté océanographique française

Etats de moyen mis à disposition de la communauté océanographique française

Anne-Marie Alayse, Secrétaire de la commission nationale "Flotte et Engins" à l'Ifremer

Biographie :

ALAYSE Anne-Marie

Compte rendu :

Voir la vidéo de Anne-Marie Alayse


Transcription :

7 novembre 2003 TR2


Discours de Anne-Marie Alayse



Je travaille à l’Ifremer. Pendant plusieurs années, j’ai travaillé dans des équipes scientifiques où je travaillais sur la physiologie des organismes, au début dans la colonne d’eau, puis ensuite sur les grands fonds sous-marins et j’ai participé aussi au développement des outils que l’on utilise sur le « Nautile », suivi de projets du robot grands fonds. J’ai souhaité passer à des activités d’intérêt un peu plus général au bénéfice de la communauté océanographique française et actuellement j’assure le secrétariat de la Commission nationale « Flotte et engins » qui gère tout ce qui est évaluation et qui participe avec les gestionnaires à la programmation des navires.

L’océanographie est une des disciplines scientifiques qui, au cours des dernières années, a connu un développement parmi les plus rapides pour répondre à l’élargissement de ses centres d’intérêts. Ce qui, aujourd’hui, lui permet de jouer un rôle majeur dans l’étude des changements climatiques, la gestion des ressources marines qu’elles soient vivantes ou fossiles, et dans la protection de l’environnement, en particulier celui des zones littorales.

Pour explorer, comprendre et surveiller l’océan, milieu difficile à pénétrer et qui représente plus de 70 % de la surface de la terre, il faut des équipes de recherche dans les domaines des sciences physiques, chimiques, géologiques et biologiques mais aussi les sciences humaines et des sciences de l’ingénieur.

D’après le rapport d’« Évaluation de la recherche en océanographie », publié en février 1998 par le Comité National d’Évaluation de la Recherche (CNER), plus de 800 chercheurs et enseignants-chercheurs, environ 850 ingénieurs et 430 navigants travaillent dans le domaine de l’océanographie civile, soit au total un peu plus de 2 000 personnes, chiffre que l’on peut rapprocher des effectifs de l’ensemble des organismes de recherche publique et des universités qui, en 1998, était estimé à environ 138 000 personnes.

Les équipes de recherche en océanographie se trouvent essentiellement réparties dans trois organismes de recherche : l’Ifremer (+ de 600) ; le CNRS (- de 500) et l’IRD (environ 200) et dans plusieurs universités réparties sur le territoire (environ 400).

Pour réaliser ses travaux de recherche, cette communauté océanographique française dispose d’une flotte et de satellites qui constituent selon la nomenclature du Conseil des grands équipements le « Très Grand Équipement Océanographie ». Elle dispose, bien entendu, d’autres outils, en particulier de réseaux de bouées dont Gérard Riou vous parlera certainement dans sa présentation sur les outils de l’océanographie opérationnelle, tout comme il vous parlera aussi certainement des satellites utilisés dans ce même domaine.

Je vais aborder plus précisément la flotte océanographique française. Elle est constituée de :

* six navires hauturiers de plus de 50 mètres. Quatre sont gérés par l’Ifremer. L’« Atalante », 85 mètres, est un navire polyvalent qui peut faire des études de géophysique, de physique et de biologie et qui est apte à mettre en œuvre les deux engins sous-marins (« Nautile » et robot « Victor »). Le « Thalassa », 74 mètres, est un navire qui est essentiellement utilisé pour des recherches halieutiques mais on peut aussi y faire de la physique des océans et y mettre en œuvre le robot « Victor ». Le « Suroît », 56 mètres, est un navire polyvalent mais qui ne peut plus mettre en œuvre d’engins sous-marins, par contre il est très adapté aux travaux de géophysique parce qu’il possède un multifaisceaux très performant qui permet de travailler dans les zones côtières. Le « Nadir », 56 mètres, est en cours de désarmement et il va être remplacé numériquement à partir de 2005 par un navire de 105 mètres, le « Pourquoi pas ? », dont la construction est financée à 45 % par le ministère de la Défense et à 55 % par celui du budget de la Recherche, donc ce navire sera utilisé par les deux institutions au prorata du financement.

* deux navires gérés par l’IPEV, l’« Astrolabe », 65 mètres et le « Marion Dufresne », 120 mètres mais qui ne sont que partiellement disponibles pour la recherche océanographique, ce que Gérard Jugie vous expliquera très certainement dans sa présentation.

La flotte océanographique comporte aussi une flotte dite de façade ou côtière qui est composée de neuf navires de plus de 15 mètres, dont trois gérés par l’Ifremer, trois par l’INSU, deux par l’IRD et un par l’IPEV.

La force de la flotte hauturière française tient à son haut niveau d’équipements. En particulier, elle dispose de plusieurs sondeurs multifaisceaux qui permettent d’établir des cartes bathymétriques jusqu’au plus profond de l’océan, quelle que soit la hauteur d’eau, et d’une panoplie d’outils sismiques permettant d’étudier la structure des couches du sous-sol, soit avec une forte pénétration et une faible résolution, soit avec une faible pénétration mais une haute résolution selon les objectifs recherchés.

Nos navires sont aussi équipés de logiciels et de réseaux informatiques très performants qui permettent d’acquérir en continu de nombreuses données et de les traiter en quasi-temps réel. Ils possèdent aussi des laboratoires bien équipés où des analyses et des expériences peuvent être menées dès l’arrivée des échantillons à bord.

Mais ce qui caractérise peut-être le plus la flotte océanographique française est qu’elle possède deux engins d’intervention sous-marine qui mettent la France au niveau international parmi les pays de tête dans le domaine de la recherche océanographique. Elle possède un sous-marin habité le « Nautile » qui permet à un scientifique d’aller travailler sur le fond avec un pilote et un co-pilote. Elle possède aussi un robot grands fonds lié à la surface par un câble, le « Victor 6000 ». Ces deux engins permettent aux équipes scientifiques d’étudier les grands fonds jusqu’à 6 000 mètres de profondeur en les observant, soit directement avec le « Nautile », soit par l’intermédiaire de caméras avec le « Victor 6000 ». Ces outils permettent d’effectuer des manipulations, des prélèvements et différentes mesures physico-chimiques ciblés au centimètre près : précision qui est indispensable pour étudier des écosystèmes très ponctuels tels que les sites hydrothermaux par exemple.

Pour accéder à ces équipements qui sont des équipements nationaux, les équipes scientifiques doivent préparer des dossiers de proposition de campagne à la mer qui sont évalués par des experts puis par des commissions.

Pour la flotte hauturière et les deux navires de façade de l’IRD, les dossiers sont analysés dans la même commission. Chaque scientifique qui souhaite obtenir une campagne prépare un dossier qui sera examiné par trois experts (dont un si possible étranger) puis par une des commissions thématiques. Une de ces commissions est spécialisée dans les études de géologie, de géophysique et de géochimie (Commission Géosciences), la seconde dans les études d’océanographie physique, chimique et biologique (Commission OPCB) et la troisième dans les études d’écologie des ressources et de l’environnement côtier (commission ECOREC). À partir des évaluations et des classements effectués par ces commissions, des projets de calendriers sont élaborés par les gestionnaires des flottes Ifremer, IRD et IPEV, projets qui sont soumis à la Commission nationale « Flotte et Engins » pour validation.

Comme je viens de vous le présenter, il y a donc en France des équipes de scientifiques, d’ingénieurs et de techniciens, spécialisés dans le domaine de la recherche océanographique, une flotte océanographique moderne et des engins sous-marins bien instrumentés et aussi un dispositif national d’évaluation des propositions de campagne à la mer fonctionnel. Mais il y a un problème qui s’est accru dans ces deux dernières années, c’est une insuffisance du budget de fonctionnement alloué à cette flotte océanographique qui conduit à une forte réduction du nombre de jours d’embarquement. Par exemple, en 1997, on pouvait armer les bateaux à environ 1 200 jours par an et cette année, les quatre navires hauturiers de l’Ifremer qui représentent un potentiel d’armement de 1 460 jours n’auront été armés que 919 jours par manque de crédits. Pour 2004, ce ne sont que 824 jours d’armement qui sont actuellement programmés et encore à condition que les affrètements envisagés se concrétisent tous. Actuellement, à Ifremer, sur quatre navires, on ne peut en faire tourner que 2,5 et si ça continue comme ça, ce sera dramatique, d’autant que le nouveau navire sera beaucoup plus cher en coût de fonctionnement que le navire que l’on est en train de sortir de la flotte.




Mis à jour le 29 janvier 2008 à 11:00