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2002 : Milieux Extrêmes d’un monde à l’autre, Terre, Mer et Espace > TR 3 : Éthique et droit, quelle compatibilité ?  >  Recherche et les limites économiques

Recherche et les limites économiques

Alain Morash, Chargé de la thématique Grands Fonds Géosciences chez TotalFinaElf

Biographie :

MORASH Alain

Compte rendu :

Transcription :

21 novembre 2002 TR3


Discours de Alain Morash



Dans la société TotalFinaelf j’ai pour charge de m’occuper de tout ce qui est recherche, développement et nouvelles technologies dans le deep offshore et de mener les réflexions sur la prospectivité actuelle ou future des grands fonds. Il m’est apparu intéressant de vous dire quelques mots sur ce qu’est le deep offshore (grands fonds). Pour un industriel, pour les pétroliers, le deep offshore, la question se pose de savoir ce que c’est et la raison pour laquelle on y va, alors que, globalement, c’est un milieu hostile et la question se pose ensuite de savoir comment y aller et, finalement si l’on y va, de savoir ce qu’on doit respecter et comment on doit s’y comporter.

(Photo) - Les tâches jaunes sont tous les bassins sédimentaires qui sont identifiés sur la planète et qui ont des épaisseurs suffisamment importantes pour que l’industrie pétrolière s’y intéresse - cela représente une superficie d’environ trente-cinq millions de km2. Il y en a à peu près à l’aplomb de toutes les marges continentales. Seule une partie de ces bassins sédimentaires nous intéresse, les autres ont des caractéristiques géologiques qui font qu’on n’a pas ou très peu de chances d’y trouver des hydrocarbures.

(Image au large de l’Angola ; collaboration avec l’Ifremer) Ce qu’on va chercher dans les grands fonds, ce sont les dépôts sédimentaires à l’actuel. Nous nous intéressons à eux, mais sous 1 500-2 000 mètres de sédiments, et c’est ce que les pétroliers vont chercher. On a la plate-forme congolaise, on est en gros dans un univers qui fait deux cents mètres d’eau et on arrive à un endroit Salt Trees, à 150-200 miles des côtes. Quand on parle de l’extension de la zone d’exclusivité économique, c’est aller s’intéresser en général à un paysage qui est beaucoup plus profond et qui est située entre 2 500 et 4 000 mètres d’eau.

Pourquoi aller dans les grands fonds ? Depuis 1970, toutes les compagnies ont mené une exploration avec succès dans ce domaine : c’est ce qu’on trouve en mer du Nord, le long des côtes américaines dans le golfe du Mexique ou le long des côtes africaines. Là, on est en général à moins de trente kilomètres des côtes, et on s’intéresse à comprendre les séries géologiques, à identifier des formes qui peuvent être des pièges, puis à les forer et à les mettre en production. Cela fait trente ans que nous faisons cela. Il se passe deux phénomènes : d’une part, nous sommes de plus en plus nombreux et, d’autre part, nous avons trouvé une bonne partie des hydrocarbures qui étaient présents. Donc, on s’est intéressé progressivement à aller de plus en plus vers le large et la technologie nous a permis de faire des forages de plus en plus profonds et de produire. Plus récemment, Total a mis en production un gisement par 1 200 mètres d’eau et, depuis quelques mois, Total produit, tout comme un certain nombre d’autres compagnies, dans des contextes comparables. C’est une zone mal connue et en cours d’exploration. Nous avons dû mener un certain nombre de travaux avec l’Ifremer dans plusieurs domaines : l’environnement, la stabilité des fonds marins et la géologie en général. La première difficulté est de trouver du pétrole et c’est surtout, dans cet environnement, d’assurer la sécurité des hommes et des installations. Ce n’est pas un vain mot, ce sont des conditions de travail difficiles, et on a peu ou pas d’accidents. La sécurité des hommes ne se limite pas à celle des hommes de la compagnie, mais concerne également les hommes qui sont sur les installations, ceux qui vivent autour, sur les côtes. On a évidemment des progrès à faire. Les compagnies occidentales sont de plus en plus contraintes par des directives, propres à notre compagnie, qui nous obligent à travailler dans de bonnes conditions et à respecter l’environnement, ce que je vis tous les jours. De plus, il y a un critère qu’on doit intégrer et qui doit intégrer tous les aspects précédents (trouver des hydrocarbures, travailler dans des conditions de sécurité et en respectant l’environnement), c’est le coût. Au bout de la chaîne, tout ce qui est fait doit être économique, c’est une contrainte essentielle.

Pour conclure, j’ai observé que les jeunes ingénieurs qui arrivent maintenant, avec lesquels on travaille, ont une approche de la manière de travailler, de la manière de se comporter vis-à-vis de la société, de l’environnement, qui a évolué. Il s’est passé quelque chose. La société civile, au sens large, est représentée de manière à peu près proportionnelle dans l’entreprise et hors de l’entreprise, donc les gens qui travaillent, ce sont les mêmes qui sont à l’extérieur, et je suis surpris qu’on n’ait pas évoqué le fait que, si l’on veut progresser en termes d’environnement, il faut former. Nous avons un rôle fondamental à jouer au niveau de l’éducation afin de préparer les jeunes à respecter l’environnement et à participer à son évolution correcte. C’est un aspect important et les cadres contractuels que nous allons évoquer devront prendre place ou être préparés.






Mis à jour le 31 janvier 2008 à 09:57