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Quelles coopérations entre les scientifiques, les enseignants chercheurs et l'industrie en matière de recherche de traitement des pollutions marines?

Renaud de Sainte-Marie, Directeur d'ingénierie Veolia Environnement

Biographie :

SAINTE MARIE Renaud de

Compte rendu :

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Transcription :

8 novembre 2003 TR3


Discours de Renaud de Sainte-Marie



Jacques Berthelot : Nous étions à la limite de la recherche et du développement. Je crois qu’il est intéressant de voir cette continuité entre la recherche et le tissu économique.

Renaud de Sainte-Marie :
Je m’occupe de l’ingénierie au sein de Veolia Environnement, plus particulièrement dans la division Onyx qui s’occupe de la propreté.
Veolia Environnement est un des grands acteurs de l’environnement et se divise en quatre grandes divisions :
- Veolia Water (eau) est la division qui s’occupe du traitement de l’eau d’une manière générale, aussi bien pour les collectivités que pour les traitements d’eau industriels.
- Onxy (propreté) s’occupe du traitement d’une manière générale des résidus ou rejets industriels. Toute la partie des rejets industriels et du traitement des déchets dangereux est une composante qui va nous permettre d’aborder un certain nombre de problèmes et d’essayer d’entrer dans ce vaste problème des traitements de la pollution maritime qui nous pose un certain nombre de questions pour lesquelles nous ne sommes pas mûrs aujourd'hui. C’est un débat très large. On connaît un certain nombre de traitements sur terre. La pollution maritime, quant à elle, est un problème complexe et nouveau pour lequel on aura fortement besoin de développement et donc de multiples acteurs dans ce domaine.
- Dalkia est la filiale qui s’occupe du développement d’énergies. L’énergie est un des points importants pour la valorisation.
- La filiale Connex s’occupe des transports qui font partie intégrante des problèmes de l’environnement parce qu’on constate que, dans les rejets gazeux, la partie circulation et transport de manière générale, est un des points majeurs.
FCC, filiale historique du groupe, n’est pas comptée dans ces quatre divisions puisque elle-même a une intervention au niveau mondial et au sein de cette société, on va retrouver les activités d’eau, propreté, énergie et transport.
Pour toutes ces activités, on a des ressources R&D importantes. Nous avons trois centres de recherche plus spécialement dédiés au problème de l’eau : Anjou-Recherche, CREED pour les problèmes de propreté et d’énergie avec Onyx et Dalkia et Eurolum pour le problème de transport. Cela représente 600 chercheurs. Il s’avère, malgré tout, qu’il est impossible en interne de gérer tous ces problèmes, donc les chercheurs sont là pour aborder les problèmes, les traiter en partie en interne quand cela est possible, mais c’est surtout un grand travail de recherche de collaboration avec les écoles, les universités, avec des sociétés plus spécialisées dans des domaines très pointus et les différents organismes qui peuvent intervenir au niveau national, européen ou autres qui vous nous permettre de développer les procédés qui sont susceptibles de remédier au problème de l’environnement.
Dans les technologies, on a souvent des procédés relativement simples, par contre, dans leur application, il y a un certain nombre de problèmes qu’il faut maîtriser et on ne peut pas se lancer dans le traitement de l’environnement sans connaître ce qui peut advenir par la suite. Pour nous, l’océan est un domaine très mal connu et pour cela, nous avons besoin d’une coopération importante et étroite avec les différents organismes cités précédemment.
Le domaine de la pollution maritime est un vaste sujet. Du point de vue de la définition des problèmes, de l’acquisition des données, il est important de connaître les délais et les démarches d’intervention de chacun. Autant au niveau d’une ville ou d’une industrie, on sait cerner un peu près le domaine de l’application et les responsabilités de qui intervient et de quelle manière, autant aux problèmes liés à l’océan, s’ajoute la dimension de l’océan qui est tout à fait vaste et c’est assez neuf pour nous. Ce que l’on sait faire, c’est intervenir directement sur les pollutions maritimes à partir du moment où elle est détectée et où on sait de quel produit il s’agit. On sait la collecter en mer et la ramener à terre.
En 1973, une convention internationale, revue en 1998, permettait initialement de lutter contre le déversement en mer des déchets des navires et prévoyait des installations et infrastructures susceptibles, dans les différents ports, de pouvoir traiter ces problèmes de pollution. À cette convention, s’ajoute un certain nombre d’annexes qui concernent principalement la pollution par les hydrocarbures (origine première de cette convention) et ensuite on retrouve tous les thèmes classiques des pollutions : substances liquides transportées en vrac, substances nuisibles transportées en colis. En vrac, en va pouvoir s’orienter vers un recyclage, un retraitement, disons une valorisation des produits en question, alors qu’en colis (conteneurs, fûts), on va avoir souvent de multiples produits, des mélanges qui peuvent être dangereux, incompatibles et difficilement retraitables. Si on parle de recyclage, on va avoir un certain nombre de problèmes car il est difficile de savoir comment va se traduire ce mélange ou ces contacts entre différents produits. De plus, on a le problème des eaux usées et des ordures des navires. Le dernier point concerne l’atmosphère, les rejets dans celle-ci par les navires. C’est un problème connu, via l’industrie ou les collectivités locales mais le traitement pour les navires va poser un certain nombre de problèmes nouveaux, si ce n’est le traitement à la source, donc l’amélioration de l’énergie, de la propulsion (moteur, système de navigation). On constate que tout cela nous amène à une grande diversité de sujets. Nous allons avoir des objectifs très complémentaires mais très divers et nombreux, donc des procédés de traitement qui vont être très larges et des axes de R&D qui correspondent, qui vont nous amener à créer ces liens et à travailler sur des projets concrets, avec les universités, les écoles, les organismes, les sociétés spécialisées dans tel ou tel type de traitement.
L’acquisition de données est un point majeur puisque pour pouvoir intervenir, tout en respectant l’environnement, il est très important de pouvoir identifier le milieu à l’origine, de bien définir la nature et les composants de la pollution et de pouvoir avoir des rejets et des traitements qui respectent cet environnement.
Dans la pollution maritime, aujourd'hui, on intervient essentiellement à partir du moment où arrivent les navires au port, il faut donc que l’on ait des infrastructures suffisantes pour assurer la collecte et le traitement. Le traitement est de plusieurs natures, selon qu’on a un déchet bien identifié (hydrocarbures), on va a priori savoir le traiter de manière à pouvoir le recycler ou le valoriser directement mais, dans certains cas, où il y a des mélanges ou des produits en faible quantité ou qui conduisent à des technologies extrêmement sophistiquées, difficiles à mettre en œuvre, on va avoir recours à un procédé de traitement destructif telle l’incinération. L’incinération est complexe puisque qu’il s’agit en général de produits qui sont dans la liste des déchets dangereux, ensuite c’est le traitement des rejets solides puisqu’on va récupérer dans un premier temps les métaux, et s’assurer que les composants organiques ont tous bien été oxydés. Ensuite, toujours avec les contraintes traditionnelles de l’incinération, on va s’assurer que le traitement des fumées nous a permis de traiter tous les composés halogénés, les métaux tels que le mercure vaporisé pendant la phase d’incinération, donc on va avoir des traitements de neutralisation pour l’HCl formé, pour les SEX qui vont être formés, pour les oxydes d’azote, puis des traitements de plusieurs natures pour la dioxine ou le mercure qui seront traités par charbon actif dans ces installations. Donc l’incinération est une des voies possibles mais ce que l’on recherchera surtout, c’est la valorisation. Dans l’incinération, il y a quand même une valorisation thermique. Sur toute l’énergie mise en jeu, elle est récupérée et traduite soit sous forme de vapeur redistribuée, soit sous forme d’électricité directement.
On va chercher à recycler ces hydrocarbures dont nous avons différents procédés. Les plus simples sont les procédés classiques de décantation, de séparation à chaud, centrifugation, purification dont on va obtenir des huiles ou des fiouls réutilisables avec les qualités requises et demandées pour leur réutilisation en tant que fiouls de substitution ou recyclage. Pour l’« Erika » ou le « Prestige », ce sont des cas qui ont été traités dans cette vision des choses. Nous avons d’autres procédés thermiques qui vont permettre de désorber les terres ou les produits pollués et de récupérer les huiles ou les fractions d’hydrocarbures qui nous intéressent. Puis, on a toute une palette de technologies qui passent par les techniques membranaires notamment où on peut aller très loin dans la purification des produits. Il y a peu de temps, aux États-Unis, on a vu un système de traitement qui permettrait de recycler des huiles des boues de forage. Dans une grande partie des cas, on pourrait aller dans un traitement de type membranaire, étagé jusqu’à une dernière étape de filtration de l’ordre du micro, voire du dixième du micron et qui permet d’avoir une qualité très largement suffisante pour réutiliser ce produit en amont des systèmes de forage. Puis derrière, il y a tout le traitement des eaux résiduaires dans lesquels on va retrouver tous les traitements classiques. Après séparation et traitement des eaux résiduaires, on va avoir le traitement biologique et autres systèmes plus classiques.
Dans la pollution maritime, il faut faire également attention aux agents qui vont être utilisés, c'est-à-dire les vecteurs qui vont nous permettre de permettre de collecter les déchets de la pollution, notamment les mousses absorbantes dans un grand nombre de cas. Selon le type de mousse, si cela va en incinération, il faut faire attention que ce ne soit pas une mousse qui génère des vapeurs toxiques par exemple, donc un certain nombre de produits qui vont être plus ou moins adaptés selon la nature et les volumes des déchets à traiter.
Nous avons des installations en France, en Angleterre, en Norvège, à Hongkong, aux États-Unis. Les États-Unis proposent un service d’intervention d’urgence à terre ou en mer, donc aussi en collaboration avec des sociétés spécialisées. Peut-être que nous serons amenés à développer ces interventions de traitement directement en mer. Aujourd'hui, ce n’est pas dans nos possibilités immédiates.
Le positionnement de Veolia Environnement est de pouvoir intervenir d’une manière globale, c'est-à-dire de la collecte jusqu’au traitement final, en s’assurant que la chaîne complète est faite dans les bonnes normes et le respect de l’environnement jusqu’au stockage des résidus ultimes. Une de nos difficultés est également d’assurer la traçabilité à la fois des produits des navires d’où vient la pollution et des produits eux-mêmes, avec des systèmes qui nous permettent de suivre à la fois les navires et d’analyser les pollutions, donc c’est un des points importants qu’il nous faudra développer. Enfin, pour nous, il y a des axes de développement en nombre et si l’on veut respecter toutes les données, il nous faut une cartographie bien identifiée, de même que l’on fait des études géologiques assez importantes pour la dépollution des sols ou autres, donc il nous faut connaître le milieu dans lequel on intervient pour être efficace. De même, si on doit intervenir de plus en plus dans les océans, il nous faut connaître l’équilibre au complet, toutes les données naturelles des océans, les traitements qui nous sont possibles, afin de pouvoir respecter et à l’avenir, d’être dans ces conditions très proches des conditions de la nature.






Mis à jour le 30 janvier 2008 à 10:33