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2007 : Les énergies de la mer > TR2 : Retours d'expériences, R&D et innovations : Rôle des collectivitées, les recherches en France >  Sabella, démonstrateur du projet Marénergie

Sabella, démonstrateur du projet Marénergie

Jean-François Daviau, Hydrohelix Energies (Région Bretagne, CG29, BMO, Quimper… Pôle mer Bretagne) estuaire de l’Odet à Bénodet.

Biographie :

DAVIAU Jean-François

Compte rendu :

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Transcription :

18 octobre 2007 Table ronde 2

Discours de Jean-François Daviau

Depuis 2000, Hydrohélix approfondit le concept d’hydrolienne à partir d’études spécifiques et d’essais en bassin. A ce stade du projet, nous allons mettre une machine à l’eau début 2008. Ce lancement s’inscrit dans un contexte européen, évoqué tout à l’heure par Alain Clément, où de nombreuses démonstrations sont déjà en cours. Il n’y a pas aujourd’hui de technologie de référence : on voit fleurir de nombreux concepts, plus ou moins originaux, et des réflexions sur la conception et l’architecture même de l’hydrolienne, sur les modalités et les procédés de maintenance de ces machines dans le futur.
Des machines en vraie grandeur, de conception très différente, sont à l’eau depuis 2003, certaines sont reliées au réseau et produisent de manière opérationnelle. Mais on s’aperçoit qu’il n’y a pas à ce jour de retour d’expérience de toutes ces initiatives originales. Les bonnes ou les mauvaises pratiques ne sont pas définies, ni la durée de vie des machines. Or elles ont des fonctions d’exploitation énergétique et doivent être installées pour des périodes de 20 à 30 ans. Il est difficile de définir leur « survivabilité » dans un environnement hostile, sous-marin et corrosif, confronté aux courants et à la houle. Les conditions économiques de la maintenance ne sont pas connues. On ne connaît pas bien non plus les rendements de ces machines en termes de production, pas plus que leur acceptation sociale. On constate aussi que les différents concepts peuvent rencontrer plus ou moins d’acceptation. Mais on peut dire une chose : que le seul critère de choix in fine parmi ces technologies sera toujours le coût du kW/h qui résulte évidemment de tous ces paramètres.

La solution Hydrohelix est basée sur un concept un peu différent de turbine carénée. C’est un concept tout à fait simple qui embarque assez peu de cinématique complexe par rapport aux autres technologies notamment britanniques. On peut donc estimer pour le moment, bien qu’il ne soit encore que sur le papier, que c’est un engin robuste et relativement pertinent dans son mode de captage. Marénergie, projet labellisé par le Pôle Mer, nécessite une phase expérimentale avec une machine d’essai : le projet Sabella. Il est issu de la rencontre d’un consortium d’industriels venus adosser et soutenir la petite entreprise Hydrohelix, que je représente, ainsi que des acteurs territoriaux qui ont parfaitement compris l’intérêt économique et l’intérêt énergétique de l’implication de la région Bretagne dans ce futur développement. La région Bretagne a fédéré autour d’elle le Conseil Général du Finistère l’ADEME, ainsi que les deux communautés de commune de Brest et de Quimper, pour financer en partie ce projet. Dans le cadre du Consortium SABELLA, autour d’Hydrohelix, se sont associées trois autres entreprises locales: Sofresid Engineering, In Vivo Environnement, une société donc la principale activité est centrée sur l’océanographie et les études d’environnement, et Dourmap.
Le projet expérimental Sabella consiste en la conception et la réalisation d’un petit pilote, et en son installation sur site, donc au développement de procédures de travaux à la mer. Avec une campagne d’essai d’environ six mois, on procèdera à la récupération des données et à la modelisation d’un outil de calcul.

Le site d’essai de Bénodet retenu est propice en termes d’hydrocinétique, donc en termes de courants et également en termes de houle, puisqu’il y en a assez peu. C’est un site qui n’a pas de vocation industrielle car il est relativement petit. C’est un site estuarien, très proche de la côte ; on se trouve ici à l’embouchure de l’Odet entre Bénodet et Sainte-Marine ; on est à 100 mètres de la côte et on bénéficie effectivement de conditions de houle tout à fait favorables. Cette machine ne se caractérise absolument pas par la puissance embarquée. Il ne s’agit pas de produire et de livrer de l’électricité au réseau, mais beaucoup plus, à travers l’instrumentation embarquée, d’acquérir des données et de les transmettre pour analyse et modélisation.
Ce projet a un budget de 750.000 € financé à hauteur de 40 % par les acteurs territoriaux et à hauteur de 60 % par les quatre industriels que je vous ai présentés. Ce projet est lancé depuis le printemps dernier. La machine est en cours de construction, son ingénierie est terminée, certains éléments sont en cours de réalisation, d’autres encore au stade de consultation. Cette machine sera mise à l’eau en mars 2008 pour une campagne d’essai qui ira jusqu’en août 2008.
En quelques mots, les étapes opérationnelles du projet.
Au printemps dernier on a réalisé toutes les études d’incidence : c’est à dire une étude sur le site et sur les éventuelles incidences environnementales. Il a fallu procéder à un certain nombre d’études sur les impacts jusqu’à l’obtention des autorisations. Il est vrai aujourd’hui qu’il n’est pas nécessaire d’obtenir une concession trentenaire. On est dans le cadre d’un essai, donc une AOT (autorisation d’occupation temporaire) sur le domaine public maritime. Il a d’abord fallu obtenir des autorisations et cela a généré un certain nombre de questions des services déconcentrés de l’Etat.
Les actions ont consisté à caractériser ce site en termes de courantométrie, en termes de bathymétrie, ce qui suppose un certain nombre de campagnes de mesures. Il a fallu également caractériser le site de manière sous-marine, à savoir la planéité, la mécanique des sols, la nature des fonds, la ressource halieutique présente. On a également réfléchi sur les procédés de pose.
En ce qui concerne la partie ingénierie, il a fallu bien évidemment concevoir une architecture, un rotor, définir une génératrice électrique, une instrumentation ainsi qu’un mode de transmission de données.
Evidemment nous attendons d’abord le succès de ce projet à travers sa réalisation. Et ensuite il y aura une étape stratégique avec la rencontre d’investisseurs potentiels privés et publics - durant les essais et avec des premiers résultats - pour trouver les financements d’une suite en vraie grandeur si l’on veut exister dans cette filière industrielle émergente.
J’ai évoqué le retard de la France par rapport à ce qui se passe Outre Manche et, si on veut le rattraper, il est encore temps de développer une technologie hexagonale.
Mon dernier transparent est un peu provocateur à l’adresse du monde de l’investissement aussi bien privé que public. On a l’exemple de la filière industrielle de l’éolien qui a été négligée par la France il y a 20 ans. Aujourd’hui, l’ensemble des éoliennes implantées en France est d’origine étrangère, on fait du transfert de technologies. On est aujourd’hui face à un grand rendez-vous, celui des énergies marines au sens large. Le contexte français n’a pas été jusqu’à ce jour pas très favorisant. Alain Clément a évoqué tout à l’heure l’Angleterre avec un contexte tout à fait privilégié et de très importantes incitations pour voir émerger ces technologies nouvelles. L’Angleterre marque clairement une volonté de leadership dans ce secteur et souhaite implanter une industrie pour des raisons de politique économique et locale ; il est clair qu’il y a des avances évidentes. On voit également la Californie – et cela peut faire sourire- qui hier était le pays d’Internet et aujourd’hui des Cleantech . Il y a beaucoup de papiers boursiers qui sont en train de se mobiliser sur ce futur secteur industriel. On voit là aussi qu’un très grand nombre de technologies sont en train de se développer outre-atlantique. Donc la France a grand rendez-vous avec l’opportunité des énergies marines.
On va voir très rapidement si elle souhaite relever ce challenge. On le souhaite.






Mis à jour le 24 janvier 2008 à 16:29