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2000 : Vagues de pollution, impacts et prévention > TR1 : Vingt mille barils sous les mers, Science, politique et marées noires >  Discours de Jacky Bonnemains

Discours de Jacky Bonnemains

Président de l’Association de protection de l’homme et de l’environnement “Robin des Bois”

Biographie :

BONNEMAINS Jacky

Compte rendu :

Transcription :


20 octobre 2000 TR1


Discours de Jacky Bonnemains :


On a fait partie de l’observatoire pendant quinze jours, et après une réunion où on a appris que l’observatoire fonctionnait sur les fonds " POLMAR ", on s’est immédiatement retiré, car on pense que cet argent du fonds " POLMAR " doit être disponible pour des opérations d’urgence, des opérations maritimes. On a un point de vue, un belvédère plutôt de journalistes, c’est à dire qu’on se comporte en observateurs de la perturbation de tous les milieux, des méthodes de communication, observateurs des réactions des uns et des autres. Pour ce qui concerne la marée noire de l’Erika, on était en alerte comme les gens de la Marine Nationale, comme les gens des remorqueurs depuis le mois de décembre parce qu’on s’était aperçu et tout le monde le sait que la première quinzaine de décembre est très propice aux accidents de mer.
Je voudrais en quelques mots parler de l’Erika. Dire qu’il a coulé exactement à l’endroit où il ne fallait pas qu’il coule et qu’on n’a pas été surpris que 500 Kilomètres de côtes aient été pollués par ce produit, par le fuel. Je pense que ce qui est inadmissible pour le milieu, pour l’estran, ce n’est pas la quantité globale, 20 000 tonnes mais la concentration.
Il y a un peu de mauvaise foi à relativiser les dommages de l’Erika en partant simplement de la quantité déversée.
Ce n’est pas tellement la quantité qui compte, c’est un facteur négligeable. C’est la nature du produit. Il y a aussi l’endroit, la courantologie, la fragilité et la richesse du milieu touché, la richesse en termes de ressources halieutiques.
Pour ce qui concerne l’observatoire des pollutions qui constitue le prétexte des discussions, nous pensons que ce n’est évidemment pas une mauvaise idée, qu’il faut faire l’inventaire de ce que l’on observe, et qu’il faut aussi prolonger par l’observation des conséquences de toutes les pollutions.
Qu’est-ce qu’on inventorie en venant de la mer ? Il y a les épaves, les chutes de containers, que l’Organisation Maritime Internationale explore et dans 2 à 3 ans, l’OMI va soumettre à l’approbation de toutes les parties de tous les pays (il y a quand même 130 à 150 pays), une convention sur le renflouement des épaves. Renflouement qui serait jugé prioritaire pour des raisons de sécurité si les bateaux ont coulé à l’entrée des ports ou dans les chenaux, pour des raisons de risques si les bateaux ont des cargaisons dangereuses pour l’environnement. C’est une initiative formidable qui va réveiller beaucoup d’inertie,beaucoup de fatalité, de fatalisme, et qui va obliger les industriels à mettre au point des techniques d’exploration et de relèvement des épaves.
L’Erika a été en grande partie vidée mais il y a un bon nombre de bateaux qui contiennent des milliers de tonnes en fûts et en containers d’hydrocarbures et de produits chimiques à quelques kilomètres des côtes, dans le rail de la Manche et tout autour de la Bretagne. C’est de la prévention que d’imaginer d’aller chercher ces cargaisons, en tous cas d’inventorier et de suivre les faits de relarguage de ces cargaisons.
D’autre part il y a les épaves, il y a le rejet des ordures des bateaux,car les paquebots sont des villages,la réglementation est beaucoup trop laxiste.Il y a beaucoup de marins qui rejettent en mer les déchets de maintenance et les déchets domestiques de leur bateau. Il y a un effort considérable à faire, non seulement au niveau de l’OMI, au niveau de l’Union Européenne mais aussi pour les ports,car il faut qu’il y ait des réceptacles pour ces déchets dans les ports. Il y a aussi les dégazages,les résidus de lavage des compartiments machines et des citernes de tous les cargos.Qui nécessitent une rigueur de chaque équipage et aussi un équipement de tous les ports.
Il y a les pollutions telluriques agricoles, domestiques, industriels qui viennent de la terre, qui envahissent le milieu littoral là où il est le plus nourricier pour les espèces marines.Alors un observatoire de tout ça, c’est possible à condition que les organismes qui travaillent déjà sur ce sujet et qui ont une documentation très riche comme le CEDRE, comme la DIREN, comme les universités, comme la Marine Nationale, soient tous des observateurs.
En Bretagne, vous avez aujourd’hui, au moins 3000 observateurs, les vieux marins pêcheurs, les jeunes marins pêcheurs, les marins de Brest de la Marine Nationale. Il faut d’abord qu’ils soient de bonne foi et ils le sont souvent mais il faut qu’il y ait une synthèse, une accessibilité à toutes ces informations et ça c’est le plus dur à réaliser. Il y a aussi des efforts positifs, il y a les documentalistes, les gens du CEDRE, d’IFREMER, toujours là pour donner un coup de main, toujours d’accord pour envoyer par fax, à des gens comme nous, des informations. Et ça va dans les deux sens : la difficulté, c’est évidemment de combattre les efforts négatifs et en particulier celui des maires et des municipalités qui en cas de pollution brutale, comme les marées noires, ont toujours une tendance à cacher. Et on est encore très frappé par les efforts désespérés que font les municipalités en cas de marée noire printanière ou hivernale pour dire que l’été sera indemne de toute pollution, qu’il n’y aura absolument aucun problème. Ce discours on le retrouve à travers la presse régionale qui constitue un fond d’informations et d’archives. Si vous voulez tout savoir sur les pollutions, c’est très simple : vous lisez les vieux numéros du Télégramme de Brest, d'Ouest France et des hebdomadaires bretons qui sont de véritables mines d’informations.
A chaque marée noire, les municipalités sont là pour dire que tout va bien se passer, elles mentent, elles cachent la vérité, et c’est une petite organisation comme Robin des Bois qui a été à l’origine de la découverte de 50 à 60 sites non contrôlés de déchets du Tanio, du Torrey Canyon, de l'Amoco Cadiz, du Boehlen, de l’Amazzone dans les Côtes d’Armor et dans le Finistère, dans la réserve naturelle de la baie de Seine. L’observatoire il est là, encore faut-il la volonté historique, du journaliste, la volonté politique pour mémoriser toutes les informations, pour les transmettre aux générations futures et évidemment agir en conséquence.





Mis à jour le 28 janvier 2008 à 10:01