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2000 : Vagues de pollution, impacts et prévention > TR 2 : Maux et mots, la communication et la crise : La vague des citoyens >  Discours de Olivier Zablocki

Discours de Olivier Zablocki

Webmaster, site Radio Phare

Biographie :

ZABLOCKI Olivier

Compte rendu :

Transcription :


20 octobre 2000 TR2


Discours de Olivier Zablocki :


Je peux faire un point sur le mot citoyen qui a beaucoup été employé et qui me paraît dangereux. Citoyen, c’est tout le monde. Ce mot-là, je ne l’emploie jamais. Je préfère parler de société civile, je préfère civile à citoyen. La citoyenneté est quelque chose qui me paraît de plus en plus difficile à employer tant le mot est pris et manipulé. La société civile c’est une notion basique, objective, juridique.
Le Radio Phare, c’est pas quelque chose qui est arrivé sur le terrain en Association avec la marée noire. Le Radio Phare était là, il n’a pas fait exprès de tomber dans la marée noire. Le Radio Phare, c’est un site sur l’île de Ré, c’est un carrefour de discussions. Quand la Marine Nationale, le CEDRE utilisent Internet, c’est normal. Nous, c’est un concours de circonstances.
La première chose qu’on a organisé, c’est une audition publique sur l’île de Ré le 22 décembre et au cours de laquelle un nombre incalculable de bretons, anciens sinistrés de l’Amoco Cadiz, anciens responsables de toutes les actions qui ont eu lieu autour de ça, sont venus rencontrer ceux qui seraient, on le pensait à l’époque, les prochains sinistrés pour un vrai partage d’expériences. Un vrai échange utile. On a bien travaillé. L’Internet permet ce genre de choses. C’est pas bidon, c’est la vie en vrai, la réaction de gens en vrai, un peu plus concernés parce qu’ils utilisent ces outils-là. Ils sont atypiques par rapport au reste de la population. Cela veut dire qu’il y a un bilan très passionnant qui s’est fait. Beaucoup de gens, qui ont pratiqué l’Internet de différents points de vue, que ce soit ceux qui l’ont utilisé du côté de la Marine Nationale, du Ministère, de Total ou du côté des journalistes, tout le monde finit par conclure de manière très simple et sans idéologie que sur l’Internet, le public, la société civile est un nouvel acteur en direct. En gros, les préfets communiquant sur le perron de la Préfecture en direction de la presse, des caméras, lesquelles vont se tourner ensuite vers ce public et leur traduire quelque chose, sur Internet c’est fini. Dans la cour de la Préfecture, il y a les journalistes, il y a cette société civile, tout le monde est là. Et c’est ce qui semble déstabiliser le plus les institutions, les acteurs en place. Quand je dis les acteurs en place, il faudrait nuancer : ce sont ceux qui, au sein de ces acteurs, ne pratiquent pas Internet.
J’ai été frappé l’autre jour par la connivence qui peut exister entre quelqu’un qui a plus ou moins un rôle de webmestre chez Total et quelqu’un qui a le rôle de webmestre que j’ai eu. Connivence, ça ne veut pas dire connivence d’être du même bord, mais de sentir qu’on manipule, qu’on travaille avec les mêmes outils. Par contre, il y a une distance infernale avec le reste de l’institution. Depuis le début de l’ouverture de Radio Phare, j’ai des gens de Total sur les listes de diffusion, sur la liste Erika. Ils sont là en observateurs.
Ce ne sont pas vraiment des espions. Ils sont sous leurs noms, mais je vois bien quand ils s’inscrivent qu’ils sont de chez Total. Ils sont comme s’ils étaient venus dans un salon où on discute et ils sont dans un coin du salon, ils ne disent rien. On les interpelle, ils ne disent toujours rien et au bout de six mois, comme ils ne disent toujours rien. C’était drôle parce que mon “ espion ”, je l’ai rencontré avant hier. Il est très sympa, et je lui ai demandé : pourquoi ? Je comprenais bien que Total veille sur la société civile pour savoir ce qu’elle disait, mais ce qui m’aurait intéressé, c’est que lui prenne la parole. Il piaffait mais n’avait pas le droit.
Dans la salle quand j’évoquais ceci, des responsables de chez Total se sont étonnés que je dise tout cela. Qu’est-ce qui se serait passé, s’interrogeaient-ils. Je leur ai répondu que le petit bout de société civile qui communique sur Radio Phare leur en aurait été reconnaissant. Là il y a eu un espèce de voile qui s’est déchiré, car ils n’imaginaient pas qu’on pouvait se parler, éventuellement. Pour se dire qu’on n’était pas d’accord. On voit très bien comment Total, dans une telle situation, regarde encore la société civile comme un objet qu’il faudrait bien quand même manipuler et canaliser.
Comment va-t-on faire avec cette opinion qui s’exprime ? Total là dessus, c’est encore la poule devant le couteau.
Jusqu’à maintenant il y avait tant de filtres, tant de médiateurs, pour traiter cela. Je pourrais le dire également sur les services de l’Etat. Là, il y a un phénomène très nouveau, et mon espion m’est certainement reconnaissant du message que j’ai pu faire remonter vers sa hiérarchie, si jamais le message arrive à remonter.




Mis à jour le 28 janvier 2008 à 10:31