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1998 : Risques associés aux progrès technologiques > TR 1 : Panorama de quelques risques en matière de santé, de sécurité aliementaire et d'environnement >  Discours de Marc Eloit : Risques virologiques associés aux xénogreffes et aux matières premières extraites de tissus animaux utilisées dans la fabrication des médicaments

Discours de Marc Eloit : Risques virologiques associés aux xénogreffes et aux matières premières extraites de tissus animaux utilisées dans la fabrication des médicaments

Professeur à l'Ecole Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort

Biographie :

ELOIT Marc

Compte rendu :

Transcription :


23 octobre 1998 TR1


Discours de Marc Eloit :


Résumé : Toute modification de l’écosystème viral peut créer les conditions propice à l’émergence de nouveaux virus. Approche méthodologique et maîtrise des risques.


Les risques de contamination virologique des médicaments dont la composition comprend des matières premières d’origine animale sont décrits. Ces matières premières peuvent être utilisées dans la fabrication du principe actif ou de l’excipient, ou en cours de fabrication du médicament.
L’analyse des facteurs de risque d’émergence de nouvelles infections démontre que les virus animaux ont été à l’origine d’infections humaines dans le passé et possèdent un potentiel apte à s’exprimer dans le futur. Il s’agit tout d’abord de virus bien connus, agent de zoonoses transmissibles de l’animal à l’homme dans les conditions naturelles de contamination. Néanmoins, les risques potentiels ne se limitent pas à ces virus et d’autres virus représentent un risque potentiel. L’émergence de nouvelles infections résulte d’un mécanisme à deux étapes : introduction d’un agent pathogène chez un nouvel hôte puis diffusion. Dans cette conception d’une circulation virale, l’émergence de nouvelles maladies infectieuses résulte essentiellement d’un changement des conditions d’interaction virus/hôte, correspondant à des modifications dans l’agriculture, le commerce, le tourisme ou l’usage des médicaments. L’utilisation de médicaments ou de greffes d’origine animale (xénogreffes) peuvent ainsi fournir de nouvelles possibilités de diffusion à des virus incapables d’infecter l’homme dans des conditions naturelles.
Pour ce qui concerne le médicament, la maîtrise de ces risques passe par des précautions relatives aux sources d’approvisionnement et, surtout, par l’étude expérimentale de l’aptitude du processus de fabrication à éliminer ou inactiver des virus contaminants. Bien que les matières premières animales présentent un risque probablement plus faible que celles extraites de tissus humains, des précautions particulières sont prises afin de le limiter. Les médicaments d’origine biologique (dont ceux utilisant des matières premières animales) bénéficient donc actuellement d’une évaluation systématique de la capacité de leur procédé de fabrication à éliminer d’éventuels virus contaminants.
Le risque de transmission de virus animaux à l’homme au travers de xénogreffes, qui ne bénéficient bien sûr pas de procédé d’inactivation virale, est actuellement beaucoup plus difficile à évaluer correctement en raison de l’absence d’outils conceptuels et méthodologiques disponibles. En effet, les mécanismes sur lesquels repose la barrière d’espèce sont mal connus, et les enseignements sur les zoonoses dérivés des modes de transmission dans les conditions naturelles limitées. Par ailleurs, beaucoup d’outils diagnostiques ne sont actuellement pas disponibles pour évaluer correctement les risques d’infection humaine par des virus animaux. Enfin, le risque pris par le malade doit être distingué de celui pris par la société en cas d’émergence d’un nouvel agent infectieux d’origine animale à qui on offrirait des possibilités d’adaptation à l’homme. Il est possible que les risques pour le receveur puissent être considérés comme acceptables, guère différents et sans doute même inférieurs à ceux résultant d’une greffe de tissus humains, et justifiables au regard du bénéfice thérapeutique attendu. A l’inverse, le risque d’apparition de virus émergents susceptibles de circuler dans les populations humaines est, sans doute, en toute probabilité, faible, mais ses conséquences pourraient être importantes.
La méthodologie d’évaluation des risques infectieux iatrogènes ne peut se construire que progressivement, malheureusement le plus souvent, en prenant en compte des risques révélés lors d’accidents. Dans un domaine aussi neuf que les xénogreffes, il faut reconnaître que le recul manque pour définir d’emblée une méthodologie satisfaisante.




Mis à jour le 07 février 2008 à 14:38