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2009 : L'Heure bleue : Changement climatique, énergies de la mer et biodiversité > Table Ronde 2 – La recherche en réseau est une nécessité. Quelles démarches accomplies et pour quels résultats ? >  Témoignage 2 : Management du projet européen sur les conséquences du changement climatique : l'acidification des océans.

Témoignage 2 : Management du projet européen sur les conséquences du changement climatique : l'acidification des océans.

Lina Hansson, project manager du projet EPOCA (European Project on Ocean Acidifacation - Laboratoire d'océanographie de Villefranche sur Mer en partenariat avec Roscoff, l'IPEV...)

Biographie :

HANSSON Lina

Compte rendu :

Regardez la vidéo de l'intervention sur canalc2.tv : cliquez ici.

Téléchargez la présentation : cliquez ici.

Transcription :

15 octobre 2009 Table ronde 2


Discours de Lina Hansson :

Lina Hansson : Je vais vous faire une présentation du projet EPOCA qui traite de l’acidification des océans.
En anglais, quand on parle de l’acidification des océans on dit « the other CO2 problem », donc « l’autre problème lié aux émissions de CO2 ». En effet, les océans absorbent ¼ du CO2 émis via la déforestation et la combustion du carburant fossile. Cela représente environ 6,3 millions de tonnes de carbone absorbées par les océans chaque jour. Les chercheurs ont longtemps considéré que c’était une bonne chose puisque ça aide à modérer le réchauffement global, mais on s’est rendu compte, il y a une quinzaine d’années, que cette absorption de CO2, et notamment les changements au niveau de la chimie de la mer que cette absorption entraîne, pouvait avoir des conséquences néfastes pour l’écosystème et les organismes marins, surtout pour ceux qui ont une coquille ou un squelette calcaire. Ces dernières années, il y a eu plusieurs rapports et déclarations sur l’acidification des océans, notamment la déclaration de Monaco parue en janvier dernier et signée par plus de 150 chercheurs. Cette déclaration affirme que l’acidification des océans est en cours et qu’elle peut être mesurée. En effet, l’acidité a augmenté de 30% depuis la révolution industrielle. Elle dit aussi que l’acidification s’accélère et que des dommages sérieux sont imminents, qu’il y aura un impact socio-économique qu’on n’a pas quantifié pour l’instant mais qui est certain. Elle dit enfin que, si l’acidification est rapide, le retour à la normale sera très lent. Au rythme des émissions actuelles, on estime que l’acidification triplera d’ici 2100 ; ceci correspond à une vitesse 100 fois supérieure à ce qui s’est produit naturellement pendant les derniers 25 millions d’années. Enfin la déclaration dit que cette acidification ne peut être contrôlée que par une diminution du CO2 atmosphérique. Par exemple, les méthodes de géo-ingénierie qui visent à limiter le réchauffement global n’auront aucun effet sur l’acidification des océans.
EPOCA, European Project on Ocean Acidification, est la réponse, au niveau européen, pour répondre au problème de l’acidification des océans et ses conséquences. Il a été lancé en mai 2008 pour une durée de 4 ans, il est coordonné depuis Villefranche-sur-mer par Jean-Pierre Gattuso qui est directeur de recherche au laboratoire d’océanographie de Villefranche. Ce projet est financé en partie par la Commission Européenne avec 6,5 millions d’euros sur 4 ans. Le budget total de ce projet est d’environ 16 millions d’euros. Le reste du budget est fourni par les institutions participantes. Il y a plus de 100 scientifiques de 27 institutions de 9 pays qui participent au projet EPOCA. Parmi les structures participantes, je voulais signaler la Station biologique de Roscoff puisque nous sommes en Bretagne.
La recherche d’EPOCA est structurée en 4 thèmes. Le premier thème regarde les changements historiques et actuels de la chimie des océans. Le thème 2 est le plus important au niveau budgétaire, c’est la réponse biologique des organismes et les mécanismes éventuels d’adaptation. C’est aussi le thème pour lequel il y a le plus de points d’interrogation pour l’instant. Le thème 3 intègre les résultats des deux autres thèmes dans des modèles climatiques afin de simuler des scenarii d’avenir et le thème 4 est un thème de synthèse des résultats des autres thèmes afin d’identifier des seuils critiques de CO2 qu’il ne faudrait pas dépasser, des points de non-retour en quelque sorte.
On m’a demandé de parler aussi un peu du management au niveau des projets européens, je vais juste vous dire quelques mots sur la structuration du management et la prise de décision dans un projet européen tel qu’EPOCA. Le « project office » est basé à Villefranche-sur-mer avec le coordinateur Jean-Pierre Gattuso, Anne-Marie Nisumaa qui est le gestionnaire de données et webmaster et moi-même qui suis gestionnaire du projet. Nous avons un « executive board » de 5 membres qui sont Jean-Pierre Gattuso et les 4 scientifiques responsables des 4 thèmes scientifiques. Cet « executive board » prend des décisions au niveau, par exemple, de la redistribution des fonds, mais toutes les décisions plus importantes doivent être votées dans la « Members’ General Assembly » qui est composée d’un représentant de chaque institution participant à EPOCA. Enfin, il y a aussi le « Scientific Steering Commitee » qui donne des conseils au niveau scientifique et technique. Il y a également 4 autres groupes notamment « International Scientific Advisory Panel » qui est un groupe composé de 4 chercheurs américains et d’un chercheur coréen qui s’assure que la recherche effectuée dans le projet est coordonnée avec des efforts internationaux.
Mon dernier point parle de la stratégie de communication et de la dissémination des résultats. Nous avons plusieurs outils de communication notamment notre site web qui est régulièrement mis à jour et un blog qui est plutôt une veille d’information sur tout ce qui est écrit sur l’acidification des océans. Il y a donc les articles scientifiques mais aussi les articles de la presse, les émissions de télévision, de radio… Pour les professeurs et les élèves, nous avons des projets spécifiques, donc des projets pédagogiques avec une forte interaction chercheur-enseignant. Ceci est en collaboration avec le programme « Carboschools » qui est aussi un programme européen. Pour les décideurs, nous avons un groupe d’utilisateurs qui est appelé le RUG (Reference User Group). Dans ce groupe, il y a, par exemple, plusieurs membres de la Commission européenne, des ONG, des fondations et de l’industrie. Ce groupe travaille avec EPOCA pour optimiser les méthodes de dissémination et pour adapter le langage, pour qu’il soit compréhensible. Ce groupe a préparé un document qui s’appelle « Ocean Acidification – the facts » qui sera bientôt disponible en 5 langues. Il est destiné aux décideurs et sera présenté lors des prochaines négociations à Copenhague au mois de décembre, cela pour être sûr que l’acidification des océans est prise en compte.

Merci beaucoup de votre attention.





Mis à jour le 07 avril 2010 à 12:33